Climat sur mesure … Au soleil du septième sous-sol de Christel Lacroix

Un vrai plaisir de retrouver la plume de Christel Lacroix … son écriture toute en poésie , cristalline et pleine de finesse
De retrouver cette ambiance entre magieamour spiritualitéhumanisme philosophie« fantastique »
Une épopée où se mêle présent, passé et où le futur reste incertain !!

Le Portugal … les Etats Unis … enfin, partout sur Terre, des inondations … des catastrophes … une chute vertigineuse des températures … puis un « déluge » de neige … le monde se transforme en un gigantesque iceberg !! (p 69)
Un monde glacé où il faut survivre !! Y aura t-il une renaissance … où est ce la fin de l’espèce humaine ?
Un voyage au fil des pages … un « message gravé » dans la glace !!
Des présages … des prophéties … des prémonitions … Un monde apocalyptique … où l’angoisse est palpable !!
Et quel est ce manuscrit ? Le manuscrit des Reines ??

Un rythme qui nous tient en haleine … et en alerte
Le mélange des émotions … des sensations … du ressenti  de chaque personnage nous envoûte et nous captive  !! Un vrai cataclysme émotionnel !!
Elea … Merik … Antonio … Quel est le rôle de chacun ??

J’ai été séduite et conquise par ces « pages glacées » … un roman qui, même la dernière page tournée nous poursuit !!
Un questionnement sur l’espèce humaine !! Pourquoi la Terre va si mal ?? L’être humain a t-il un rôle dans tout ça ? Et est-il encore trop tard pour agir ?
Un roman fort et peut être dérangeant !!
A découvrir et à savourer au coin du feu … bien au chaud …

p 263 « Sur l’échelle du temps, si nous considérons un ratio temporel de 24 h, l’Homme n’est présent sur Terre que depuis deux minutes seulement et dans cet infime instant il est devenu à lui seul le pire ennemi de sa planète. »

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p 18 « Il a laissé tout à coup tomber le fardeau de ses soucis et de ses doutes, et c’est les yeux remplis de larmes qu’il fixe cette première baleine à bosse croisée.
Elle apparaît majestueuse dans sa robe noire qui luit sous le soleil froid de mars, elle disparaît se faisant désirer, son ombre sombre plane dans les profondeurs de l’eau, on la devine, on l’espère secrètement, on dirait qu’elle danse, qu’elle entame une farandole
pour se faire remarquer et crier sa présence aux humains. Merik se plaît à imaginer qu’elle essaie peut-être de communiquer mais qu’a-t-elle à dire aux hommes ? »

p 51 « Elea a les larmes aux yeux et au milieu de cette ambiance ecclésiastique, face au Saint-Sacrement qui semble la fixer, là-bas, au bout de ce tapis rouge sang, elle tremble de froid ou peut-être de peur. Un étrange mauvais sentiment l’étouffe, et elle murmure tout bas, comme
si elle voulait se cacher des fantômes sortis directement des azulejos ornant les murs de cette chapelle pour la hanter.
– Si Dieu existe, à quoi joue-t-il ? »

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p 69 « Le ciel dans sa blancheur immaculée semble lourd et pesant dans ce paysage en mutation. Aucun enfant ne joue avec la neige, bien trop dangereuse et glissante, le monde extérieur appartient désormais aux adultes téméraires, on n’y
rit plus, on n’y court plus, on n’y flâne plus, on avance juste en bravant le froid de plein fouet. Quand la neige devient dangereuse l’évidence de l’urgence s’impose : Elea pense à cette phrase prononcée un jour par son éminent professeur en climatologie
alors qu’elle venait à peine de commencer sa vie d’étudiante. »

p 57 « Par la baie vitrée elle aperçoit ce spectacle magnifique que New York offre chaque jour à ses habitants … »… « Elea est en admiration, son souffle est coupé par la splendeur de cette vue en apesanteur au vingt-quatrième étage de son hôtel. En
premier plan un vieux manuscrit ressorti du Moyen Age, en second plan une mégalopole dans toute sa splendeur nocturne. Le choc des idées et celui des âges s’emmêlent dans son esprit. Elle ne connait rien de ce manuscrit et elle reste persuadée qu’elle doit d’une
façon ou d’une autre très vite entrer entre ses pages. »

p 90 « Le Président laisse la parole à un sociologue membre de l’assemblée :
– Je ne peux m’empêcher ici de penser à cette phrase du grand chef indien Seattle lors de son discours en 1854 refusant de vendre les territoires indiens ; « La Terre n’appartient pas à l’homme, l’homme appartient à la Terre.« 
Il avait fini son long discours ainsi : « La fin de la vie, le début de la survivance. » Et aujourd’hui je pense que nous en sommes en effet arrivés au point de la survivance. »

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« Les seules fleurs qui poussent dans notre monde sont les fleurs de givre, comme si notre existence se cristallisait petit à petit. »

p 117 « Leurs lèvres sourient et se cherchent, leurs mains glissent sur la couette telles des caresses avant de rejoindre leurs peaux frissonnantes. Leurs souffles incertains semblent résonner dans la chambre. Le battement incontrôlé de leurs cœurs émet le son
d’un tambour régulier, presque militaire. Il est sûr de lui, ses gestes sont parfaits et lucides. Elle n’arrive plus à parler, mais cela ne la dérange pas, elle sourit. Il effleure sa joue de ses doigts fiévreux, ses caresses se font plus insistantes, ses lèvres courent sur
son cou, ses bras enlacent sa taille. … »

p 202 « Elea ne peut pas oublier ces bribes de souvenirs de ses cours de philosophie qui lui semblaient si dérisoires à l’époque. Elle y avait croisé les mots de Freud sans vraiment bien en comprendre la portée, ces mots qui lui criaient que l’homme est par instinct un
être doté d’une forte somme d’agressivité. »

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Edition : AuPaysRêvé (Histoires et destinées Collection dirigée par Frédéric Ovadia) 

Genre : Roman

Publié en 2017 

RENCONTRE avec l’auteure … Quelques questions pour tenter de découvrir qui se cache derrière le livre !!

1- Quel est votre premier écrit ? votre premier texte ?

J’avais 15 ans, une vie toute neuve et des idées en baluchon. Seule à la terrasse d’un café je regardais passer les gens et leurs semblables et mon premier vrai écrit est né sans crier gare et sans que je m’y attende : une nouvelle intitulée FANTAISIE LIQUIDE que j’ai retrouvée il y a peu de temps dans mon grenier, non sans verser une petite larme en la relisant.

2- Votre plus beau souvenir de jeune lectrice ?

Le premier roman qui a fait battre mon cœur et a torturé mon âme a été LES HAUTS DE HURLEVENT d’Emily Brontë. J’ai vécu la passion déchirante entre Catherine et Heathcliff, j’ai respiré l’âpreté de leurs sentiments et erré dans les paysages austères de leurs vies. J’ai alors compris la puissance inépuisable des mots .

3- Le livre qui vous a « déstabilisé » ? et pourquoi ?

LE PAPILLON DES ETOILES écrit par Bernard Werber, un auteur dont j’admire profondément la qualité des écrits à la fois avant-gardistes et visionnaires, la « philosophie-fiction » comme il les nomme si bien. Ce roman relatant la colonisation de l’espace par l’humanité m’a laissée seule face à de nombreuses questions auxquelles j’essaie encore de répondre.

La célèbre phrase issue de ce roman : LE SEUL ESPOIR EST LA FUITE m’a confortée dans l’idée d’imaginer et écrire son antithèse LE SEUL ESPOIR SERAIT DE RESTER mais de rester autrement…

4 -Écrire, vous donne l’illusion de quoi ?

Écrire c’est tisser une bulle de mots et s’envoler avec quelques heures pour les livrer aux lecteurs. Écrire c’est communiquer et s’exprimer autrement. Écrire c’est laisser à réfléchir et comme le dit si bien Marguerite Duras ECRIRE C’EST HURLER EN SILENCE.

5 -Quel est votre thématique, votre genre littéraire (polar, roman historique, …), ce qui vous inspire et pourquoi ?

Je serais tentée de dire, à la manière de Bernard Werber, que mes écrits essaient aussi de rejoindre ce qu’il nomme la « philosophie-fiction ». Dans tous mes romans une toile ou un arrière plan historique sont également présents parce que l’histoire est la racine de notre futur.

Mon ultime dessein est de proposer au lecteur une histoire, une romance, une aventure, au delà de laquelle il va réfléchir à sa façon.

Question bonus !
Quel est votre relation aux livres ? Pour vous un livre « heureux » est un livre corné, annoté, souligné, déformés, … ou pas ?

Je respecte profondément l’objet LIVRE, laissant au placard liseuse et tablette. Mes livres lus exhibent souvent de nombreuses marques de vécus . Je les fais suivre partout, dans tous les sacs, les périples, les aéroports, sur le sable, sous un arbre, et puis parfois tranquillement dans mon fauteuil… Le livre me suit non sans s’en trouver hélas parfois déformé et usé.

Il m’arrive parfois aussi d’y faire des annotations et je sais que cela ne plaît pas à tout le monde. Une fois lu le livre est un peu moi et rejoint ma bibliothèque jusqu’à ce qu’un jour j’ai à nouveau envie de le feuilleter ou pourquoi pas de le relire. Le livre ne meurt pas après le mot FIN, il continue d’exister encore et toujours.

Merci Christel d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions.

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