Les Souvenirs et les Mensonges aussi … Karine Lebert

Je me suis laissée embarquer avec plaisir dans cette nouvelle épopée, cette histoire aux multiples facettes, sous le regard de plusieurs femmes. 

Un passé qui se mêle au présent. 

Une belle construction du récit ! Ou l’auteure distille avec finesse les moments forts. Il faudra attendre le dénouement pour que le puzzle s’emboite à merveille !

Un roman historique où l’on sent l’auteure très bien documentée.

Où les émotions passent peut-être en second plan mais ne gâche en rien l’intrigue et le récit. 

J’ai tout particulièrement aimé découvrir la vie d’Hilda, son quotidien d’après guerre en Allemagne, un sujet rarement traité dans les romans. 

Quels étaient la vie au quotidien des Allemands après leur défaite ? 

Et puis ce départ plein d’espoir vers la Russie ! 

Des histoires de femmes meurtries par la guerre, des souffrances enfouies mais loin d’être oubliées !

Un roman Historique agréable à découvrir !

« Vous allez à la mort ! »

La phrase que m’a lancée une femme lors de l’arrêt de notre train dans une gare me revient en tête. Et aussi tous les avertissements que je n’ai pas voulu écouter en Allemagne ou en Pologne. » …

« Joachim pleure, mais il n’a pas l’intention de fuir à son tour pour rejoindre sa famille. J’ai envie d’être méchante, de lui crier que notre pays, c’est l’Allemagne. »…

« Le train stoppe dans une clairière et des soldats armés, accompagnés de chiens, encerclent les wagons en nous criant d’en sortir, sans la moindre chaleur dans la voix. Des drapeaux rouges, avec la faucille et le marteau, flottent au vent. »

« Mussolini et Hitler se sont rencontrés à plusieurs reprises. Je les déteste tous les deux, mais j’ai un trousseau à préparer. Je ne veux pas regarder la réalité en face. Elle est si menaçante que, si j’étais lucide, je quitterais la France sur-le-champ avec Joachim pour un pays lointain où le mot nazisme n’existe pas, un pays du Commonwealth qui ne risque pas de s’embraser – l’Inde ou, pourquoi pas, l’Australie… À la place, je préfère me bercer de confortables illusions alors que le visage de Joachim s’assombrit de plus en plus, qu’il devient nerveux, triste et découragé, tandis que les fiançailles approchent et que la situation internationale s’envenime. Mais quand il essaie de m’en parler, je l’interromps d’un ton si angoissé qu’il juge préférable de se taire. Quelque chose d’étrange se produit alors. Après le scandale puis l’accalmie, les Schultz subissent un regain de violence. Comme un signe avant-coureur, j’entends deux femmes bavarder dans la file d’attente du maraîcher. Elles ne m’ont pas repérée. Elles estiment que madame Martin a tort de continuer à héberger ces Allemands. Si son geste a été dicté par la charité et pouvait être admis au début… »

« Il y a quelque chose d’étrange et de désespérant à se sentir étrangère dans son propre pays. Quand les armées françaises ont pénétré dans Baden-Baden, j’ai éprouvé du soulagement et de la joie. Pour que cette dernière soit complète, il aurait fallu que je sois sûre d’une chose : que les Français se conduiraient avec dignité. Pour l’instant, mes sentiments restent ambivalents. »

« Un matin, alors que je longe un pré, sans quitter Baden-Baden, comme l’imposent les nouvelles règles, j’aperçois des silhouettes près d’un étang. Aussitôt, je suis sur mes gardes. Des hommes en maraude qui se jetteront sur la première femme venue ? D’anciens SS avides de vengeance ? Craignant qu’ils me pourchassent, je ne tente pas de fuir. » … « Finalement, je jette un coup d’oeil pour savoir à qui j’ai affaire. Le soulagement m’envahit. Puis l’horreur, l’incompréhension … Ces hommes ne risquent pas de m’attaquer. Ils sont squelettiques. D’une poussée, je pourrais les faire tomber, les achever d’un coup de poing. Ils portent des pyjamas rayés, sales et rapiécés. Je commence à savoir ce que cet uniforme signifie. Les propos de mon compatriote de Haslach ne me sont plus si impénétrables. Le pire, dans cette scène, c’est de voir ces déportés brouter l’herbe comme des vaches. Nous avons tous faim, mais ces personnes sont à bout de forces. »

Edition : Les Presses de la cité; collection Terre de France

Publié en 2022

Genre : Roman Historique

RENCONTRE avec l’auteure … Quelques questions pour tenter de découvrir qui se cache derrière le livre !!

Interview à découvrir dans « Les amants de l’été 44 » du même auteure !

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