Le cercle des éventails … Valérie Valeix

Le roman débute en 1816 lors d’un repas entre amis où nous retrouvons avec plaisir le chirurgien Dominique Larey et Laville, sa femme, Girodet peintre et graveur, Pierre Joseph Redouté, Peintre et enseignant belge et sa femme ainsi que Marion et Jérôme Blain alias le capitaine Sabre

Puis la soirée s’achève entre hommes où le capitaine Sabre relate une enquête menée en 1810, un bond de quelques années en arrière. Une enquête au cœur des maisons clauses masculines. Un monde inconnu et peu relaté dans les romans historiques. 

Des jeunes femmes retrouvées étranglées dans ces endroits quelque peu sordides ! 

Pourquoi ses meurtres ? Et pourquoi retrouve -t’on  sur les cadavres des brins d‘éventails

Quel est le rôle de Marion, Éventailistes, future femme de Jérôme Blain ?

Une enquête qui nous propulse également dans un contexte tendu, suspicieux, dangereux où les faux semblants guettent, nous sommes alors quelques semaines avant le mariage de Napoléon et de Marie-Louise. 

Encore un roman très bien documenté, de très nombreuses références historiques parfois compliquées à comprendre pour les non-initiés ! L’ Intrigue se perd un peu dans toutes ces descriptions techniques ! Beaucoup de personnages mais bien ancrés dans l’histoire. 

Un rythme soutenu qui attise les sens et les laisse en éveil. Une écriture toujours aussi souple, perspicace et efficace ! Quel plaisir !! 

Une vision des « tantes » surprenante et parfois incongrue. Nous pouvons alors apprécier, malgré tout, le changement de comportement en un peu plus de cent ans sur l’homosexualité. 

Encore un beau roman qui allie avec force Polar et Histoire de France

Bravo !!

« Jérôme est lieutenant en premier au 7e régiment de dragons, commandé par le colonel Seron, formant, avec le 30e dragons, la brigade Guérin dans la division de cavalerie Grouchy au sein de l’excellent 3e corps d’armée avec, notamment, les divisions d’infanterie d’élite Morand, Friand et Gudin, sous le grand maréchal Davout. C’est à ce corps que l’Empereur donne la délicate mission d’effectuer, sur la gauche autrichienne, une manoeuvre débordante qui doit préparer l’attaque décisive de rupture au centre. Comme Napoléon l’a prévu, son adversaire, l’archiduc Charles, afin d’éviter une déroute sur sa gauche, dégarnit son centre en prélevant plusieurs bataillons et quelques escadrons sur son 2e corps, et relance, contre la droite de Davout, toute la cavalerie du 4e corps, que Grouchy a déjà repoussée. Celui-ci contre-attaque immédiatement avec ses dragons qui refoulent les Autrichiens par des charges furieuses ! A la tête de 1er peloton de la 1er compagnie du 2e escadron du 7e régiment, Jérôme entraine et galvanise ses hommes … Le 4e corps ennemi bat en retraite et Napoléon peut enfoncer le centre autrichien, affaibli, sous le feu d’une grande batterie, par l’énorme colonne Macdonald suivie de toute la réserve de cavalerie. Cependant, en poursuivant les cavaliers ennemis l’épée dans les reins, Jérôme est gravement blessé au bras et à la cuisse par les baïonnettes de fantassins autrichiens rejoints par les Français … »

P 38

« – De quoi voulais -tu me parler ? Demanda Jérôme ni trop haut ni trop bas en portant son anisette à ses lèvres. 

Sophie répondit sur le même ton, mais en se penchant vers lui :

  • Deux filles qui travaillaient pour la Chatanay ont été assassinées. 
  • Assassinées ! De quelle façon ? Et où les a-t-on retrouvées ? Ici, au Palais ?
  • Mieux, dans l’un des salons de la Chatanay. 

Jérôme savait que la tenancière de La Rose de Damas n’était pas la seule boutiquière à prostituer ses employées et à louer ses arrière-salles aux joutes tarifées. 

Marion Paulier prit la parole :

  • Elles s’appelaient Catherine Frémont et Lucie Boyer, toutes deux vendeuses chez la Chatanay, et putains !
  • Putains à leur compte ?
  • Non, la Chatanay était leur maquerelle comme elle cherche à devenir la nôtre. 
  • Toi aussi, Sophie, la Chatanay t’a fait des propositions allant dans ce sens ? »

« – Comment ces deux malheureuses ont-elles été tuées ?

  • Elles ont été étranglées, expliqua Sophie. 
  • Toutes les deux ?
  • Oui.
  • Et ensemble, précisa Marion. 
  • Mais ce n’est pas tout, clama la jeune bijoutière, qui baissa encore d’un ton de sorte que Jérôme dut tendre fortement l’oreille pour saisir la réponse. 
  • Catherine a eu le sein gauche ouvert au couteau et on a laissé, dans la blessure, un brin d’éventail !
  • Un brin d’éventail ? Elle aussi était éventailliste ? Demanda Jérôme à Marion.
  • Non, vendeuse seulement. La même chose pour Lucie … »

P 317

« Il n’attendit pas de réponse pour poursuivre ;

-Mais cela reste très insuffisant car nombreux sont les êtres humains à être exploités de la sorte, une armée d’avocats et de policiers n’y suffirait pas pour y mettre fin. Il faudrait des lois autres que l’interdiction du racolages sur la voie publique et des ouvrages publics à la pudeur; il faudrait aussi que la populace mange à sa faim, ce qui lui éviterait de ventre son corps ; il faudrait que l’éducation devienne accessible à tous ; il faudrait enfin que la société accepte que deux hommes ou deux femmes qui s’aiment n’a rien de dégradant. Avouez que ça fait beaucoup pour un seul homme. »

Édition : Palémon

Genre : Polar Historique

Publié en 2023

RENCONTRE avec l’auteure … Quelques questions pour tenter de découvrir qui se cache derrière le livre !!

Interview à retrouver dans la chronique « Échec à la Reine » du même auteure.

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