Un roman bouleversant et puissant !
On se sent tout de suite imprégné par cette histoire ! L’écriture, les mots nous collent à la peau …
Tous les sens sont en éveil ! On avance, au fil des pages, aux aguets, tendu à l’extrême et comme immergé, englouti dans les sensations !
On effleure, on caresse, on s’enivre et renifle l’humus de la foret, on écoute le bruissement des feuilles, le grouillement des insectes mais il y a derrière tout ça un cri de désespoir, un cri de détresse !!
Une enfance abimée où le toucher est littéralement absent. Les caresses maternelles, le réconfort ne sont pas au programme ! Il faut avancer et se créer un univers ! Un univers qui lui, est gorgé de sensations où le toucher est décuplé !!
Un hymne à l’espoir où au désespoir ! Un cri de douleur, de sidération par tant de cruauté, d’égocentrisme, de sensation de toute puissance de l’espèce humaine !
Un roman qui martèle son désespoir ! Une descente aux enfers qui semble depuis toujours programmée !
Quel bonheur de retrouver l’univers de Marie Murski, un univers onirique et poétique !!
Encore conquise !!
« Et voilà qu’un chien était mort enchainé à un arbre, sans avoir pu crier au secours. Les mêmes chiens, l’un dans la splendeur et la liberté, l’autre dans la hideur et le Mal. Les deux côtoyant le genre humain.
Mila sentit les doigts de sa main gauche -les plus sensibles, les plus enclins à la lâcher – s’engourdir sous l’effet du choc. Elle imaginait l’agonie de l’animal, sa peur, et comment, à l’approche de la mort, cessant de tirer sur la chaine qui l’étranglait, il s’était rapproché du tronc.
Glissant son museau encordé contre l’école, il avait levé la tête, regardé vers la cime du grand hêtre le spectacle magnifique de la haute futaie élancée vers le ciel, feuillage et lumière en parfaite harmonie, brillance des verts pâles et d’eau. Peut-être s’était-il apaisé, couvert de si doux scintillements. Il avait alors enlacé le tronc, l’avait agrippé de tout son corps, pattes écartées à l’extrême contre l’écorce, griffes tendues pour l’accrocher. Il était mort ainsi, enserrant le tronc dans une sorte de ferveur. »
« Tout fut retranscrit dans le dossier ouvert le 2 novembre 1991, jour des morts et jour de la naissance de Mila ; ce dossier, qui reposait au sein des services sociaux dans une armoire métallique grise fermée à clé, fut souvent rouvert au fil des années pour compléments d’informations.
Mila fut transférée en pouponnière sociale, puis deux mois plus tard, Austin d’une première famille d’accueil. L’enfant perdit ses quelques cheveux blancs, rien ne repoussa avant longtemps sur son crâne ovale et lisse. Olga vint la voir alors qu’elle avait onze mois. Elle se posta devant la chaise haute, regarda fixement Mila, demanda la femme qui se tenait là, un autre enfant dans les bras :
- Elle est sage au moins ?
La femme acquiesça, mal à l’aise. Olga ajouta :
- Ce crâne chauve, ça n’augure rien de bon. On la croirait cancéreuse … »
Edition : In8
Publié en 2021
Genre : Roman
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