Le futur a déjà eu lieu … Christel Lacroix

Un réel plaisir de retrouver la suite de «  Climat sur mesure … Au soleil du septième sous-sol ».  

Agréable de retrouver la plume cristalline de l’auteure. Une écriture précise et teintée de poésie, malgré un roman d’anticipation assez angoissant

Suite à une catastrophe climatique les hommes se retrouvent à vivre sous terre, notre planète Terre transformée en un gigantesque iceberg !! 

On y découvre alors la vie à Venisinfra, une Venise réinventée, ayant perdu de sa superbe, où les tunnels remplacent les canaux ! (cf p 158)

Un roman d’anticipation glaçant qui questionne ! Et si il y avait une part de vérité derrière tout ça !

Un roman sur la folie des hommes !! Son envie de grandeur qui l’amène au frontière du non retour ! 

Un questionnement sur le rôle de l’homme ! Sa faculté d’adaptation dans ce nouveau monde, ce nouvel environnement ! Son obscurantisme même au delà du malheur, sa sensibilité, … 

L’homme peut-il réellement changer ? Se remettre en question ?

Un roman qui nous parle d’histoire, de science, de psychologie humaine, d’écologie, … et où le rythme nous laisse aux aguets !! 

Des personnages complexes qui tentent de s’adapter et d’aller au bout d’eux même !

Et quelle est cette nouvelle maladie … la maladie des couleurs !! 

Un roman fort et un brin dérangeant !! `

Bravo


P 158 
« Jules et Stella parlaient sereinement au milieu du brouhaha poussiéreux du marché. Ils avaient rejoint l’esplanade à l’entrée de la ville, celle que Jules avait découverte lors de son arrivée par la porte du château d’eau via le tunnel O. Le contraste avec le marché de Venisinfra qu’il avait visité il y a tout juste deux jours avec Vérone était saisissant. Ici on était bien loin de l’ambiance du Rialto. Tout avait été balayé par une destruction massive et pourtant on se trouvait exactement à l’endroit de cette ancienne place de Venise. Il ne restait que le sol, des canaux vraisemblablement comblés suite à des séismes concomitants au cataclysme, beaucoup de poussière ocre, un sol dur et compact et surtout des habitants sans horizon dans les yeux et sans sourire sur les lèvres. La faim avait éteint leur âme et c’était la seule chose à laquelle on pensait en les voyant avancer dans ce marché sans couleur, sous un dôme étincelant au soleil. Etaient-ils libres ou prisonniers ? Le savaient-ils eux-mêmes ? »

P 13 

« Le plafond paressait si loin qu’il en eut le vertige. Il regrettait presque d’avoir eu cette incommensurable force d’ouvrir enfin les yeux. Le regard fermé, ses cils avaient soudé ses rêves en une couleur uniforme plus proche de l nuit sombre que du soleil d’été épanoui. A cet instant il aurait donné cher pour se retrouver allongé dans un pré la tête dans l’insouciance à compter les nuages et à leur inventer des formes étranges. Tout son corps et toute son âme convergeaient vers cette idée saugrenue, peut-être juste pour se donner la force de surmonter l’impensable et l’inacceptable. 

Son ciel aujourd’hui semblait bien terne, juste un caisson en verre pour barrer son horizon lointain. Là-bas tout là-haut, le soleil, son ami, semblait avoir légué sa place à des néons rectangulaires alignés par groupe de quatre dans des carrés informes. Il n’aimait pas le monde géométrique et pré-formaté, il préférait les mots des poètes et les chimères des rêveurs. 

D ‘ailleurs la question s’imposa tout à coup : 

  • Qui était-il ? »

P 62
« Le ciel de Flammarion était à l’origine une gravure sur bois dont on avait retrouvé la trace dans le livre de Camille Flammarion publié en 1888 : « L’atmosphère : météorologie populaire ».
Cette gravure représentait un paysage, un ciel où s’accrochent le Soleil, la Lune et les Etoiles. On y observait aussi un homme, habillé en pèlerin du Moyen-âge, tenant dans la main gauche son bâton, et traversant la voûte céleste à l’endroit où celle-ci rencontrait la terre, pour découvrir ce qui se trouvait au delà. Une légende décrivait ainsi cette gravure : « un missionnaire du Moyen-âge raconte qu’il a trouvé le point où le Ciel et la Terre se touchent » – « Qu’y a-t-il, alors, dans ce ciel bleu, qui existe certainement, et qui nous voile les étoiles durant le jour ? ». Cette vision d’un monde merveilleux était semble-t-il la description d’une Terre plate. Certains collectionneurs d’art racontaient que Flammarion, bibliophile averti, et grand collectionneur de livres, ce serait inspiré d’une illustration de la Cosmagraphia de Sebastian Münster de 1544 représentant une sphère céleste séparant la Terre d’un royaume extérieur. »

P 107

«Tous deux continuèrent à avancer jusqu’à une petite place au centre de laquelle trônait un petit dôme en verre. 

  • Un dôme !
  • Oui Jules, tu vois, ce projet rejoint quelque part celui que tu as vu tout là-haut. 
  • C’est une fleur sous ce dôme ! Au milieu de brins d’herbes. C’est tellement idiot ! Si on m’avait dit qu’un jour la vue d’une minuscule fleur m’arracherait des larmes, j’aurais bien cru que j’eus à finir ma vie tel un fou. 
  • Nous ne sommes pas fous. C’est notre monde qui l’est devenu et nous ne faisons que subir. 
  • Il n’y a pas de cultures de fleurs ici, hormis cet unique échantillon ? 
  • Les fleurs sont interdites ici, ceci demanderait trop d’énergie pour une rentabilité nulle. 
  • Mais les fleurs c’est l’inspiration des poètes, les couleurs du peintre ! »

Edition : Ovadia, AuPaysRêvé

Genre : Roman

Publié en 2020

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