Une oeuvre poétique …
Une berceuse fleurie sur des mots écorchés …
Un Ailleurs tourmenté, torturé …
un Ailleurs qui nous inonde …
un Ailleurs évocateur … onirique ou cauchemardesque …
La poésie des sensations …
L’émoi des mots qui se conte à voix haute, pour en saisir toute l’intensité …
Les mots qui se cognent, s’inventent, se chevauchent, se caressent, se libèrent, s’emprisonnent … se fracassent …
Une oeuvre qui, la dernière page tournée se garde encore à portée de main …
Marie Murski, une poétesse, qui avec merveille sublime les mots …
« elle y trouvait des mots légers suspendus à l’encre, ... » p 166
Quel délice !!

« La raison du plus fort se pose sur un fauteuil
allume une cigarette et
tranquillement
regarde mes jambes. »
« Un mot sur un fil
un mot à la gueule pleine de terre
un mot à biffer dans le trop-plein des guerres.
Juste en dessous
un mot fragile
nu comme une balle.
Dans la trame on piétine
on tranche la gorge du mot « hurle »
les autres s’enfuient avec le mot de la fin
bien mis et bien-pensant.
Au bal des mots
on guillotine à demi-mot
la mariée saigne sous son diadème
sans mot dire.
… » p 126
« Je t’aime
répète inlassablement d’une voix de grille la campanule
à un écho de rue qui la gifle à
tour de bras sous les yeux horrifiés des rails de
tramway encore décousus de
sommeil.
La nuit caresse ses mendiants. A reculons comme les torrents. » p 43
« Là où je tombe
il n’y a pas de saisons où se perdre
pas de corde à écrire
plus de ciel à se mettre au doigt.
Léger
un bruit de gouffre
ôte le voile
m’aide à séduire encore
sous l’ombrelle d’un vertige.
Pendant combien de temps peut-on tomber
avec élégance ? » p 108

« On nous écoute mourir
On nous a pris notre miel et nos parures
dans les cheveux
et la petite lumière dans la chambre d’enfant.
On nous a fait sortir d’ailleurs
pour nous mettre quelque part
On n’a rien dit quand nous avons crié
On nous laisse trébucher
sur le son des hémisphères
On a mis la peur
au centre du motif.
La nuit tombe est-ce vous ?
Le ciel bouge est-ce vous ? » p 100

un animal blanc s’agrippe à ses seins de galop
éperdu
Elle rit elle rit
le lierre depuis quelques instants
a disparu entre ses jambes … » p 24
« L’ombre
Lorsque l’on donne si peu à l’ombre, elle cesse un jour de nous gêner.
Elle rassemble son triangle, se multiplie
dans les onglées.
On la voit parfois au loin, menaçante et flâneuse.
On regrette alors de ne pas l’avoir attachée à
son pied quand elle était petite et légèrement sucrée. » p 162
Les Hommes sans Épaules éditions
Publié en 2019
Genre : Oeuvre poétique
Couverture : image d’Anton Larbie
Première rencontre avec l’auteure … au salon du livre de Andé … en Octobre 2015
Merci Vérone pour cette belle page, et pour ma poésie, bien précieux que j’avais cru perdu… Cela me touche au coeur.
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