Un roman … Poignant, grave, saisissant et déchirant …
Une course frénétique et folle … pour comprendre … et survivre à la disparition de l’être chère … son enfant …
La folie d’une quête impossible … Aller « là-bas » !!!
p 30 « Et s’il y avait un tel endroit
Un là-bas,
Mais tu sais bien qu’il n’y en a
Pas- mais s’il y en
avait un, On y serait déjà allé,
Quelqu’un se serait
Levé
Et y serait allé. Et jusqu’où
Iras-tu,
Et comment sauras-tu revenir,
Et si tu ne reviens
Pas, et quand bien même tu
Le trouverais,
Mais tu ne trouveras pas
Parce qu’il n’y a rien, … »
« L’acceptation » douloureuse de la mort en un déferlement de sanglots … et de souffrances
Une descente aux enfers … douloureuse mais peut être nécessaire et salvatrice !!
Une grande poésie … une grâce et une grande délicatesse dans l’écriture !!
ce ne sont pas des témoignages « parlés » … mais des ressentis … des émotions extrêmes … des douleurs bouleversantes de parents dévastés !!
Je me suis fait Happer par toute cette détresse !! Un texte ou l’on se laisse bercer par les mots … Une merveille !!
p 8 » – Ta voix.
– C’est revenu. La tienne aussi.
– Ta voix m’a tellement manqué.
– J’ai cru que nous … que plus jamais –
– Plus que ma voix, c’est la tienne qui me manquait.
– Mais c’est quoi là-bas, dis-moi. Un tel endroit n’existe pas, il n’y a pas de là-bas !
– Si on va là-bas, il y a un là-bas.
– Et on ne revient pas de là-bas, personne n’en est encore revenu.
– Parce que seuls les morts y sont allés.
p 18 « Nous avons tu
Cette nuit-là
Pendant cinq ans.
Tu es devenue muette la première,
Puis se fut mon tour.
Le silence t’as fait
Du bien, et moi
Il m’a saisi
A la gorge. L’un
Après l’autre les mots
Ont expiré, et nous avons ressemblé
A une maison
Où petit à petit s’éteignent
Toutes les lumières, jusqu’à ce que tombe
Un silence obscur– »
p 34 « Notre cœur va se briser,
Nous allons peut-être mourir instantanément,
comme lui,
Ou alors rester suspendus
Devant lui, à nous balancer
Entre les morts
Et les vivants –
Mais ça, nous en avons
L’habitude, cinq ans,
Un échafaud de manque – »
p 68 » «Quelqu’un
Qui habitait un pays lointain m’a raconté
Un jour que dans sa langue
On dit de celui qui est mort
A la guerre qu’il est « tombé ».
Ainsi de toi : Tu es tombé
Hors du temps, le temps
Dans lequel je demeure
Passe
Devant toi : Une silhouette seule
Sur un débarcadère
Par une nuit
Dont le noir
S’est échappé
Jusqu’à la dernière goutte.
Je te vois
Mais je ne te touche pas.
Je ne te sens pas
Avec mes
Capteurs de temps. »
p 128 « Et cependant suspends ta course, inspire, expire, sens la
brûlure de l’air dans tes poumons, lèche ta lèvre supérieure, goûte le sel de la sueur saine, un prurit de vie,
et dis de tout ton cœur ; Je –
(Bon dieu, je le comprends maintenant :
Même ce pronom
S’est perdu puis est mort
Avec toi, et tu ne m’as laissé
Que les « il« , « tu« ,
« Nous« , et plus personne ne
Dira « je »
Avec ta voix. »
p 133 « Et pardonne-moi, je te prie, pour cette question
Qui te paraîtra peut-être stupide et peu banale, mais
Je dois te la poser
Parce que cela fait cinq ans qu’elle
Dévore mon âme
Comme une maladie :
Qu’est-ce que la mort, mon fils ?
Qu’est-ce
Que
La mort ?
p 134 « En fait, je voulais
Te demander comment c’est,
Ma fille, quand on est mort.
Et comment c’est pour toi.
Là-bas.
Et qui tu es
Là-bas. »
p 139 « S’ils te permettaient,
Là-bas …
Si la possibilité t’était donnée
De choisir –
Tu reviendrais ?
Tu reviendrais ici ?
Tu me reviendrais ? »
Edition : Seuil
Genre : Roman, littérature Israélienne
Publié en 2012
Traduit de l’ Hébreu par Emmanuel Moses
Votre commentaire