Un roman … qui pourrait être un fait divers !!
Chanson douce ou … chant funeste !!
Myriam et Paul … Un jeune couple aisé et « presque » heureux, qui découvre la vie stressante et angoissante de jeunes parents !! La difficulté de concilier vie privée … vie
professionnelle sur un rythme effréné !! …
et Louise … une nounou désœuvrée,malheureuse … qui se cache derrière une vie terne , « creuse » et sans intérêt !!
un mal être palpable au fil des pages … et une descente aux enfers lente … progressive … insinueuse ….
Deux mondes qui se jaugent … qui s’observent mais ne se mélangent pas !!
On se croise mais on ne se confie pas !!
et puis la mort des deux enfants … une mort annoncée dès la première page !!
On vit le livre au rythme des angoisses … des non dits … des bonheurs … des désarrois … des tourments … des égarements mais le suspens n’est plus !!
Une belle écriture …des détails subtils qui nous plongent dans l’horreur de la situation !! et des chapitres courts qui donnent du rythme !!
Malgré tout je ne dirait pas que j’ai aimé ce livre !!
peut être trop de clichés !!!
et un sujet mille fois exploité !!
p 13 « Le bébé est mort. Il a suffit de quelques secondes. Le médecin a assuré qu’il n’avait pas souffert.
On l’a couché dans une housse grise et on a fait glisser la fermeture éclair sur le corps désarticulé qui flottait au milieu des jouets.
La petite, elle, était encore vivante quand les secours sont arrivés. Elle s’est battue comme un fauve. »
p 16 « Quelques jours auparavant, alors que Myriam discutait de ses recherches avec son amie Emma, celle-ci s’est plainte de la femme qui gardait ses garçons. « La nounou
a deux fils ici, du coup elle ne peut jamais rester plus tard ou faire des baby-sittings. Ce n’est vraiment pas pratique. Penses-y quand tu feras tes entretiens. … le discours d’Emma l’avait gênée.
Si un employeur avait parlé d’elle ou d’une autre de leurs amies de cette manière, elles auraient
hurlé à la discrimination. Elle trouvait terrible l’idée d’évincer une femme parce qu’elle a des enfants. «
p 44 « Une tension érotique légère, piquante, lui brûle la gorge et les seins. Elle passe sa langue sur ses lèvres. Elle a envie de quelque chose. Pour la première fois
depuis longtemps, elle éprouve un désir gratuit, futile, égoïste. Un désir d’elle-même. Elle a beau aimer Paul, le corps de son mari est comme lesté de souvenirs. Lorsqu’il la pénètre, c’est dans
son ventre de mère qu’il entre, son ventre lourd, où le sperme de Paul s’est si souvent logé. Son ventre de replis et de vagues, où ils ont bâti leur maison, où ont fleuri tant de soucis et tant de joies. »
p 81 » Louise sait combien cet instant est fugace. Elle voit bien que Paul regarde avec gourmandise l’épaule de sa femme. … Myriam pose sa joue sur l’épaule de son mari. Louise sait qu’ils vont s’arrêter, dire au revoir, faire semblant d’avoir sommeil. Elle voudrait les retenir, s’accrocher à eux,
gratter ses ongles sur le sol en pierre. Elle voudrait les mettre sous cloche, comme deux danseurs figés et souriants, collés au socle d’une boîte à musique. Elle se dit qu’elle
pourrait les contempler des heures sans se lasser jamais. Qu’elle se contenterait de les regarder vivre, d’agir dans l’ombre pour que tout soit parfait, que la
mécanique jamais ne s’enraie. Elle a l’intime conviction à présent, la conviction brûlante et douloureuse que son bonheur leur appartient. Qu’elle est à eux et qu’ils sont à elle.
p 121 « A cette époque, Paul s’est senti pris au piège, accablé d’obligations. Ils s’est éteint, lui dont tout le monde admirait l’aisance, le rire tonitruant, la confiance en l’avenir. …
Les enfants étaient là, aimés, adorés, jamais remis en cause, mais le doute s’était insinué partout. Les enfants, leur odeur, leurs gestes, leur désir de lui, tout cela
l’émouvait à un point qu’il n’aurait pu décrire. Il avait envie, parfois, d’être un enfant avec eux, de se mettre à leur hauteur, de fondre dans l’enfance. Quelque chose était
mort et ce n’était pas seulement la jeunesse ou l’insouciance. Il n’était plus inutile. On avait besoin de lui et il allait devoir faire avec ça. En devenant père, il a acquis des
principes et des certitudes, ce qu’il s’était juré de ne jamais avoir. Sa générosité est devenue relative. Son univers s’est rétréci. »

p 176 « A ses questions, posées d’une voix douce et compréhensive, Louise opposait un silence hermétique. « C’est de la pudeur« , a pensé Myriam. Une façon de préserver la frontière entre
nos deux mondes. Elles a alors renoncé à l’aider. Elle avait l’affreuse impression que sa curiosité était autant de coups infligés au corps fragile de Louise, ce corps qui depuis
quelques jours semble s’étioler, blêmir, s’effacer. «
Elle (Myriam) avait toujours refusé l’idée que ses enfants puissent être une entrave à sa réussite, à sa liberté. Comme une ancre qui entraîne vers le fond, qui tire le visage du noyé dans la boue. Cette prise de conscience l’a plongée au début dans une profonde tristesse. Elle trouvait cela injuste, terriblement frustrant. Elle s’était rendu compte qu’elle ne pourrait plus jamais vivre sans avoir le sentiment d’être incomplète, de faire mal les choses, de sacrifier un pan de sa vie au profit d’un autre.
Elle en avait fait un drame, refusant de renoncer au rêve de cette maternité idéale.
On se sent seul auprès des enfants. Ils se fichent des contours de notre monde. Ils en devinent la dureté, la noirceur mais n’en veulent rien savoir. Louise leur parle et ils détournent la tête. Elle leur tient les mains, se met à leur hauteur mais déjà ils regardent ailleurs, ils ont vu quelque chose.
Ils ont trouvé un jeu qui les excuse de ne pas entendre. Ils ne font pas semblant de plaindre les malheureux.
p 177 « Bien sûr, il suffirait d’y mettre fin, de tout arrêter là. Mais Louise a les clés de chez eux, elle sait tout, elle s’est incrustée dans leur vie si profondément qu’elle semble maintenant impossible à déloger. Ils la repoussent et elle reviendra. Ils feront leurs adieux et
elle cognera contre la porte, elle rentrera quand même, elle sera menaçante, comme un amant blessé. »
« Son cœur s’est endurci. Les années l’ont recouvert d’une écorce épaisse et froide et elle l’entend à peine battre. Plus rien ne parvient à l’émouvoir. Elle doit admettre qu’elle ne sait plus aimer.
Elle a épuisé tout ce que son cœur contenait de tendresse, ses mains n’ont plus rien à frôler. »
Édition : gallimard
Genre : Roman
Publié en 2016
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