Une « farce » … amoureuse … drôle … tendre …attachante … teintée de cynisme … de nostalgie …. de souvenirs d’enfance … et qui oscille entre réalité et fiction …
Un roman ? Une autobiographie ? et si c’était tout simplement … « Il était une fois... » …
p 123 « – Papa, arrête de me sourire et regarde-moi. Parfait. Allons plus loin. Qu’avons-nous donc, toi et moi, dans l’oreille qui nous donne de si fort et si permanent besoin
d’histoires ? Les femmes ont un clitoris …
– Eric, je t’en prie !
– Et nous ? N’aurions-nous pas dans le famille, de père en fils, une petite excroissance anatomique qui s’excite dès que résonnent les quatre mots magiques, il était une fois ? «
Un amour profond et tendre entre un père et un fils !! Une belle complicité !! Une déclaration d’amour … de l’auteur pour son père !
Et puis Les déboires de deux séducteurs !! Que de malchance et d’amour raté !! Une malédiction génétique ??? Une fatalité père/fils ?? Un mal venu de Cuba ??
Et cet amour démesuré pour les femmes … ou ne serait ce que du désir !!!
L’auteur a écrit ce livre, le sourire aux lèvres … Quel Bonheur !!
Les Echos, critique presse « Avec sa malice habituelle, Erik Orsenna tisse un récit qui cavale, pétarade, ébouriffe. »
Un joli coup de cœur … qui réchauffe … qui vous emporte … vous bouleverse … vous ébouriffe … et vous fait sourire …
p 49 « Écrire et tricoter ont la même utilité : donner de la chaleur aux gens. »
p 11 « Et puis un jour, j’avais vingt-huit ans, lui cinquante, nous avons divorcé la même semaine.
Je suis parti seul me refaire une santé dans notre île de Bréhat. Pour retrouver des forces, rien ne vaut la proximité de la mer. Peut-être parce que toute vie vient d’elle. Il doit
nous rester une très lointaine mémoire de cette énergie première. »
p 14 « Faute de mieux, j’avais décidé d’écrire.
Que faire de mon amour mort ?
Le jeter dans la rue, pour qu’il soit emporté par les éboueurs et puis brûlé dans l’incinérateur ?
Trop triste, trop bête, inutile.
Autant le recycler en livre.
…
J’ai ouvert la fenêtre. L’air sentait le chèvre-feuille. Allons, la vie repart. Au travail ! C’est alors que la porte du petit jardin de curé s’est ouverte en grinçant.
Les portes ont des complicités particulières avec les écrivains. Elles savent quand nous voulons du calme. Elles résistent à l’intrusion , elles égarent les clefs, elles se bloquent.
Et lorsqu’elles sont bien forcées de céder à la poussée de l’importun, elles grincent. Au moins pour avertir. »
p 19 « Je te propose un examen de bonheur.
– En ce moment, ça va être difficile !
– Attends que je t’explique. Chaque soir, avant de t’endormir, tu vas revivre la journée passée.
– Quelle horreur !
– Et tu vas y récolter les bonheurs, même les plus ténus, les plus fragiles, une lumière sur l’eau, un chat qui passe, une main sur l’épaule.
– Et alors ?
– Tu verras que, dans toute la journée, même la pire de toutes les journées, il arrive que la vie sourie.
– Je ne te crois pas. »
p 38 « Hélas, je ne suis pas une femme. Je ne peux pas me repérer dans les années avec la date de mes grossesses. Je dois m’inventer d’autres repères.
Par exemple les vainqueurs du Tour de France. Si Jacques Anquetil n’avait pas encore gagné, c’est que 1957 était toujours à venir. Donc j’avais huit ou neuf ans. »
p 44 « – Dis, mamie, pourquoi grand-père est si gros ?
– Je ne sais pas.
– Tu crois qu’il lit trop de livres ? Tu crois qu’il y a trop d’histoires en lui ?
– C’est peut-être ça.
– Mais notre professeur nous a dit que lire nous agrandit.
– Oui, mais ton grand-père a beau être ton grand-père, il ne grandit plus. D’ailleurs, tu as vu comme il est petit.
– Et alors ?
– Alors les histoires en lui s’accumulent dans le sens de la largeur.
– Mamie, tu te moques de moi ?
– Peut-être bien. »
p 119 « Et mon cauchemar commençait.
Toutes les trois minutes en moyenne (j’ai calculé), une passante capturait l’attention de mon père. Pour une raison le plus souvent compréhensible par lui seul. …Alors que l’élue de son regard finissait par disparaître, ce n’est qu’à grand
regret qu’il revenait vers moi. Tu as vu ces jambes ? Tu as aimé ce port de tête ? Je suis sûr que tu n’as pas remarqué sa manière, enfantine, de balancer son sac. J’aime tant la gaieté chez une femme, pas toi ? Quelques temps plus tard, une autre créature se présentait.
Noire ou rousse. Petite ou grande. Replète, élancée, rieuse ou sévère … «
p 188 « Julien Gracq avait raison : je pensais à cette étrange de l’âme dont nous faisons si grand cas et que nous avons appelée les sentiments. Je pensais à nos sentiments à nous, humains. Pourquoi ne seraient-ils pas
gouvernés par les mêmes mouvements que ceux de notre planète ? Pourquoi la géologie ne dicterait-elle pas sa loi à la psychologie ? Les femmes que j’avais aimées jusqu’à présent s’étaient éloignées peu à peu. Nous avions dérivé, comme les continents,
comme l’Amérique s’éloigne de l’Afrique. »
p 236 « De même que nous ne sommes pas joueurs, dans la famille, de même nous ne ressentons pas le besoin d’enivrement. Dieu nous ayant fait cadeau de vies passionnantes mais compliquées, enchevêtrés et déchirées à souhait, l’excitation à les vivre nous suffit. »
Edition : Stock
Genre : Roman
Publié en 2016
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