Fragments d’un discours amoureux … Roland Barthes

Impossible de lire « Qui a tué Roland Barthes ?  » La septième fonction du langage … de Laurent Binet
sans lire et découvrir avant … Roland Barthes
Je me suis donc lancée avec bonheur dans ce livre « Fragment d’un discours amoureux » !!
J’ai « tenté » de m’imprégner de ce beau discours amoureux !! j’ai capté l’ambiance … l’essence de l’amour selon Roland Barthes !!

L’amourle sujet amoureux … est « décortiqué à la loupe » !! Les motsles attitudesles gestesle ressenti
Une certaine souffrance du sujet amoureux est palpable …

Une merveilleuse découverte … littéraire …

« Roland Barthes est un homme qui a passé son temps à traquer les signes ! … D’ailleurs, il était le maître d’une science qui s’appelle la sémiologie, c’est-à-dire la science des signes. »

« Décrivant son projet pour Fragments d’un discours amoureux, Barthes précise que « tout est parti du principe qu’il fallait faire entendre la voix de l’amoureux ».
Ici, pas de théorisation de ce discours amoureux, mais sa seule expression. « C’est un portrait qui est proposé, mais ce portrait n’est pas psychologique » ;
il se fait l’écho de « quelqu’un qui parle en lui-même, amoureusement, face à l’autre – l’objet aimé -, qui ne parle pas ». Un texte si juste qu’il retentit en chacun,
longuement… »

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« Il s’était illustré par ses ouvrages sur l’écrit moderne et sur la communication. Bernard Pivot l’avait reçu pour « Apostrophes » : Roland Barthes présentait son livre, Fragments d’un discours amoureux, un
un livre qui a connu un large succès et dans le passage que vous allez voir, il expliquait d’un point de vue sociologique les rapports entre sentimentalité … et sexualité.
Roland Barthes : »Je prétends qu’un sujet -je dis bien un sujet pour ne pas prendre parti à l’avance sur, le sexe de ce sujet, n’est-ce pas – mais un sujet amoureux, eh bien aura effectivement beaucoup de mal à vaincre l’espèce de tabou de la sentimentalité, alors que le tabou de la sexualité aujourd’hui
se transgresse très facilement. »
Bernard Pivot : « Parce que être amoureux, c’est être bébête ?
Roland Barthes : « Oui, en un sens, c’est ce que le monde croit. Le monde attribue au sujet amoureux deux qualités, ou deux mauvaises qualités : la première, c’est souvent
d’être bête, effectivement – il y a une bêtise de l’amoureux, que lui-même ressent, d’ailleurs – , et il y a aussi une folie de l’amoureux – alors ça, les discours populaires le disent abondamment !
– seulement c’est une folie sage, n’est-ce pas, c’est une folie qui n’a pas la gloire de la grande folie transgressive. » p 104 « Qui a tué Roland Barthes » Laurent Binet

Couv Barthes

p 47 « “ ATTENTE. Tumulte d’angoisse suscité par l’attente de l’être aimé, au gré de menus retards (rendez-vous, téléphones, lettres, retours).
Il y a une scénographie de l’attente : je l’organise, je la manipule, je découpe un morceau de temps où je vais mimer la perte de l’objet aimé et provoquer tous les effets
d’un petit deuil. Cela se joue donc comme une pièce de théâtre.
Le décor représente l’intérieur d’un café ; nous avons rendez-vous, j’attends. Dans le prologue, seul acteur de la pièce (et pour cause), je constate, j’enregistre le retard
de l’autre ; ce retard n’est encore qu’une entité mathématique, computable (je regarde ma montre plusieurs fois) ; le Prologue finit sur un coup de tête : je décide de
« me faire de la bile », je déclenche l’angoisse d’attente. L’acte I commence alors ; il est occupé par des supputations : s’il y avait un malentendu sur l’heure, sur le lieu ?
J’essaye de me remémorer le moment où le rendez-vous a été pris, les précisions qui ont étés données.
Que faire (angoisse de conduite) ? Changer de café ? Téléphoner ? Mais si l’autre arrive pendant ces absences ? Ne me voyant pas, il risque de repartir, etc. L’acte II est
celui de la colère ; j’adresse des reproches violents à l’absent : « tout de même, il (elle) aurait bien pu… », « il (elle) sait bien… » Ah ! Si elle (il) pouvait être là, pour que je
puisse lui reprocher de n’être pas là ! Dans l’acte III, j’atteins (j’obtiens ?) l’angoisse toute pure : celle de l’abandon ; je viens de passer en une seconde de l‘absence à la mort ;
l’autre est comme mort : explosion de deuil : je suis intérieurement livide. Telle est la pièce ; elle peut être écourtée par l’arrivée de l’autre ; s’il arrive en I, l’accueil est calme ;
s’il arrive en II, il y a « scène » ; s’il arrive en III, c’est la reconnaissance, l’action de grâce : je respire largement, tel Pelléas sortant du souterrain et retrouvant la vie, l’odeur
des roses. »

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p 121 « Étreinte. Le geste de l’étreinte amoureuse semble accomplir, un temps, pour le sujet, le rêve d’union totale avec l’être aimé. »
Hors l’accouplement (au diable, alors, l’Imaginaire), il y a cette autre étreinte, qui est un enlacement immobile : nous sommes
enchanté, ensorcelés: nous sommes dans le sommeil, sans dormir : nous sommes dans la volupté enfantine de l’endormissement : c’est le moment des histoires racontées, le moment de la voix, qui vient me fixer, me sidérer, c’est le
retour à la mère. Dans cet inceste reconduit, tout est alors suspendu : le temps, la loi, l’interdit : rien ne s’épuise, rien ne se veut : tous les désirs sont abolis, parce qu’ils paraissent définitivement comblés. »

p 127 Fâcheux. Sentiment de menue jalousie qui saisit le sujet amoureux lorsqu’il voit l’intérêt de l’être aimé et détourné par des personnes, des objets ou des occupations qui agissent
à ses yeux comme autant de rivaux secondaires. »
« Le monde est plein de voisins indiscrets, avec qui il me faut partager l’autre. Le monde est précisèrent cela: une contrainte de partage. Le monde (le mondain) est mon rival. Je suis sans cesse dérangé par des Fâcheux :
une vague relation, rencontrée par hasard et qui s’assied de force à notre table; des voisins de restaurant dont la vulgarité visiblement fascine l’autre, au point qu’il n’entend
pas si je lui parle ou non; un objet, même, un livre, par exemple, dans lequel l’autre est plongé (je suis jaloux du livre).
Est fâcheux tout ce qui raye fugitivement la relation duelle, altère la complicité et défait l’appartenance : « A moi aussi tu appartiens« , dit le monde. »

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p 148 « L’être aimé, ne fût-ce qu’inconsciemment et pour des motifs qui peuvent procéder de son propre profit névrotique, semble alors avoir à coeur de m’enfoncer dans mon délire, d’entretenir et d’irriter la blessure amoureuse :
L’autre s’emploie à me mettre en contradiction avec moi-même (ce qui a pour effet de paralyser en moi tout langage); ou encore, il fait alterner des actes de séduction et de frustration (c’est là l’ordinaire de la relation amoureuse); il passe
sans prévenir d’un régime à l’autre, de la tendresse intime, complice, à la froideur, au silence, au congé; ou enfin, d’une façon encore plus ténue, mais non moins blessante, il s’ingénue à « casser » la conversation, soit en imposant de passer
brusquement d’un sujet grave à un sujet futile, soit en s’intéressant visiblement, pendant que je parle, à autre chose que ce que je dis. Bref, l’autre ne cesse de me ramener à mon impasse : je ne peux ni sortir de cette impasse ni m’y reposer, tel le fameux cardinal Balue enfermé dans une cage où il ne pouvait ni se tenir
debout ni s’allonger. »

p 167 « Insupportable. Le sentiment d’une accumulation des souffrances amoureuses explose dans ce cri : « ça ne peut pas continuer. »
Lorsque l’exaltation est tombée, j’en suis réduit à la philosophie la plus simple ; celle de l’endurance. Je subis sans m’accommoder, je persiste sans m’aguerrir : toujours éperdu, jamais découragé; je suis une poupée Daruma, un poussah sans
jambes auquel on donne des chiquenaudes incessantes, mais qui finalement reprend son aplomb, assuré par une quille intérieure (mais quelle est ma quille ? La force de
l’amour ?). C’est ce que dit un poème populaire qui accompagne ces poupées japonaises ;
Telle est la vie
Tomber sept fois
Et se relever huit. »

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p 171 « Jalousie : « Sentiment qui naît dans l;amour et qui produit par la crainte que la personne aimée ne préfère quelque autre. »
p 173 « Comme jaloux, je souffre quatre fois ; parce que je suis jaloux, parce que je me reproche de l’être, parce que je crains que ma jalousie ne blesse l’autre, parce que je me laisse assujettir
à cette banalité : je souffre d’être exclu, d’être agressif, d’être fou et d’être commun.« 

p 176 « Je-t-aime est sans nuances. Il supprime les explications, les aménagements, les degrés, les scrupules. D’une certaine manière-paradoxe exorbitant du langage -,
dire je-t-aime, c’est faire comme s’il n’y avait aucun théâtre de la parole, et ce mot est toujours vrai.

http://www.franceculture.fr/litterature/roland-barthes-du-coeur-l-ouvrage

Édition : Aux Editions du seuil

Genre : Littérature Essai

Publié en 1977

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