On n’entre pas comme ça chez les gens ! … Jean Pierre Jansen

Quelle image avons – nous des Huissiers de justice

Pas toujours flatteuse ou enviable ! Et on pourrait, presque trouver étrange, d’y consacrer des histoires ! 

Pourtant l’auteur en a fait son personnage principal !! Un personnage qui déambule à travers ce recueil, dans des vies parfois brisées, bousculées … 

Malgré tout, on y découvre des Nouvelles pétillantes, drôles, tristes, burlesques, humaines, …

Des Nouvelles aussi, pleines de poésie,  d’autodérision et de fatalisme !

On y croise des personnages étonnants, fascinants, comme Léa cette petite fille de 4 ans, Antoine le funambule, René et ses pendules, Madeleine à qui on a pas laissé le temps, Renaud et sa montagne de grolles, Katia et son père marionnettiste, … 

Un monde foisonnant d’histoires et de rencontres pour un huissier plein d’humanisme !! 

Un recueil avec seul ambition, nous faire traverser des vies … 

Un agréable moment de lecture !! 

Coup de coeur pour « Les pendules à l’heure » et « la peinture à l’eau »

Les pendules à l’heure 
« Toutes ces horloges remplissaient l’air d’un tic-tac perpétuel, comme si cinquante millions de fourmis tricotaient cinquante millions de pulls en laine, mais aucune avec le même rythme ni le même type d’aiguilles. De temps en temps, de manière aléatoire, une pendule sonnait. Parfois cinq coups, parfois dix, parfois moins, ça dépendait de la pendule et de l’heure. Mais rarement en même temps. La première fois, ça surprend. Après, on s’y habitue et on n’y fait plus trop attention. 
Quand je les répare, j’essaie de les régler le plus précisément possible et je les mets à l’heure. Mais après, je n’y touche plus et je leur laisse vivre leur vie. »


« On lui a laissé le temps ? Mais ils ne la connaissaient pas, Madeleine. Quand elle avait envie d’acheter une paire de chaussures, cela prenait des semaines pour se décider, choisir la boutique, le modèle, la couleur, les essayer plusieurs fois avant de se rabattre par dépit sur les deuxième et troisième choix, vu que la première paire avait été vendue depuis longtemps. Et c’était pareil pour tout, le menu du repas, la couleur des murs de la cuisine qu’il fallait repeindre, le programme de la télé. Avec moi, on s’est fréquenté quatre ans avant qu’elle accepte que j’emménage chez elle, vu que chez moi c’était trop petit. Pourtant, dès le début, on s’entendait bien et on savait qu’on allait, un jour ou l’autre, vivre ensemble. Alors, on lui a laissé le temps ? Mon cul, oui ! »

 Vu à la télé

« Alors qu’il était derrière la télé, en train de vérifier les câbles de branchement, le cheminot en congé maladie eut une idée. Il transforma sa main droite, toujours emballée dans ses bandages style momie égyptienne, en marionnette débile. Une chaussette trouvée par terre vint coiffer la deuxième main et hop, le spectacle était lancé. Il réussit à les tenir en haleine pendant un bon quart d’heure avant que le courant ne revienne et que la télé ne se rallume toute seule. Tout le monde a h hésité un moment entre la fin du programme et les marionnettes, mais le père de Katia, peu confiant dans ses talents, s’est retiré et les a laissés regarder la télé. »

La peinture à l’eau 

« La faillite de la droguerie Charbon est une des premières affaires un peu bizarres que j’ai dû traiter. Jusque-là, mon métier était plutôt plan-plan, répétitif et sans beaucoup d’attrait. Mises en demeure, rappels, courriers recommandés portés par brouettes à la poste, inventaires et estimations des biens, injures, conciliations et puis, s’il n’y avait pas d’autres solutions, enlèvements des objets saisis et direction la salle de vente. Je me voyais mal tenir jusqu’à la pension à ce rythme. Puis les Charbots, avec leurs grands sabots, sont arrivés. 

A la base, c’était un dossier très ordinaire. Mais je me suis quand même bien amusé. Si ma mémoire ne me joue pas des tours, c’était aussi ma première tentative pour sortir un peu des rails tracés par la justice, le respect des procédures et des siècles d’absence totale de fantaisie et d’imagination de la part de mes prédécesseurs. Tentative que je trouve ma foi assez réussie. »

Edition Quadrature

Publié en 2020

Genre : Nouvelles

Couverture : Quadrature

Photographie : Catherine Dufays

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