Ce roman, magnifiquement documenté, dans un cadre historique saisissant nous entraine au début des années 1900 au coeur d’une époque étonnante et compliquée, les débuts de l’aviation, les nouvelles technologies, les séquelles de l’affaire Dreyfus, le climat politique pesant à la veille de la première guerre mondiale, le conflit au Maroc, …
Dans ce climat plus qu’étrange, des cadavres sont retrouvés au bord de la Marne.
Pourquoi ces noyés ? Qui sont-ils ? Ces meurtres sont-ils liés ?
Une enquête méticuleuse est alors lancée. Hippolyte Salvignac, antiquaire et enquêteur à ses heures « déambule » dans cette intrigue policière finement orchestrée !
Un rythme maitrisé servi par une plume fluide et harmonieuse ! Un vrai plaisir !
Un roman d’une grande richesse historique qui m’a régalée !
Un véritable bonheur de lecture, qui allie aventure, émotion, suspens, art et Histoire.
Pourquoi pas, l’envie de découvrir les précédentes enquêtes d’Hippolyte Salvignac.

« Salvignac n’avait pas tenu compte des conseils de l’inspecteur. Profitant de la présence des deux inspecteurs de la préfecture de police, il s’était faufilé jusqu’au premier rang des badauds qui se massaient sur les berges de la Marne. Il y avait là des habitants du voisinage, trois journalistes qui prenaient des notes et un photographe. Une poignée de gendarmes tenaient le groupe à distance d’une grande malle en osier, objet de toutes les attentions. Lerouet et Monteil furent accueillis avec froideur par trois hommes vêtus de noir de la tête aux pieds et qu’Hippolyte imagina être des policiers en civil, des gars des brigades mobiles. Une conversation s’engagea entre eux au terme de laquelle un des hommes fit signe au photographe d’avancer. Pendant que celui-ci prenait des clichés de la malle sous tous ses angles, les conversations allaient bon train autour de Salvignac. Il compris qu’au petit matin le garde-chasse d ‘un grand domaine des alentours avait été alerté par une épaisse fumée noire qui s’élevait des bords de la rivière. Il avait alors découvert sur place une automobile achevant de se consumer dans le fossé du chemin longeant la Marne. Revenant sur ses pas pour prévenir les gendarmes, il avait remarqué une malle à demi immergée dans la rivière. Il avait voulu la tirer sur la berge, mais elle était trop lourde pour lui. Cédant à la curiosité, il en avait ouvert le couvercle et était tombé sur un cadavre découpé en morceaux. »

« Avec Georges Braque, il (Picasso) continuait à explorer la voie du cubisme de façon de plus en plus radicale, notamment en construisant des portraits par un jeu complexe de déstructuration et de restructuration des représentations, entièrement composées de figures géométriques.
– Tout est dans les tons de gris et de marron. C’est fascinant. Il donne une impression de relief, avec toutes ces arêtes de cubes qui se mêlent, se chevauchent. Mais, surtout, je trouve qu’il a une vision extraordinaire de notre monde moderne. Parce que ces surfaces lisses, géométriques, ces tons clairs, c’est l’antithèse de ce que l’on nous montre d’habitude. C’est quoi le style 1900 ? Des courbes, des volutes, des sinuosités, des spirales. On veut masquer la technique sous l’apparence de la nature qui n’est que rondeur, souplesse, irrégularités apparentes. Or la science, l’industrie sont basés sur le calcul, la matière dure, cassante, coupante. Tout n’est qu’assemblage. A priori, qu’est-ce qu’un atome ? Une structure géométrique. Notre XXe siècle sera marqué par la confrontation de l’homme avec la matière. Un choc dur, violent, terrible. Il faut nous y préparer. Arrêtons de nous bercer d’illusions avec nos courbes molles et notre style nouille. C’est nous mettre la tête sous un gros oreiller pour ne pas regarder la réalité en face. L’homme doit se penser comme matière dure, brute, comme ingénieur, comme chimiste, qui comprend et maîtrise cette matière … »


Edition : DeBorée
Collection : Vents d’Histoire
Publié en 2023
Couverture : Victor Gilbert/Elégante sur les quais de Seine
Genre : Polar Historique
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