Fascinant le destin de cette lettre !!
Et cette question lancinante ! Pourquoi ce vieux document, chiné de nos jours chez un antiquaire Dieppois et écrit de la main d’Henri IV en 1599, déchaine tant de passion et de convoitise ?
Quel est ce lien qui unie le présent et le passé ?
Nous sommes alors transporté au coeur d’un polar et d’un roman historique, deux époques différentes qui s’imbriquent au fil des pages ! Deux univers qui se frottent et se cognent ! Des complots, des meurtres, des manigances, des manipulations, des convoitises, des histoires d’amour, … !
Un subtil mélange alliant fiction et histoire de France !
Des personnages sanguins et pour certains très perspicaces !
Jonas Asselin et Lionel Darsan deux personnages phares de cette intrigue.
Une écriture fluide, juste et maitrisée ! Quel plaisir !
Un roman magnétique ! Une belle fenêtre ouverte sur le passé ! Et quel épilogue !!!!!
Epoustouflée et conquise !!

P 22 « Rien d’intéressant ! Il allait poursuivre sa route, lorsqu’il s’immobilisa, un document exposé à plat et donc peu visible, venait in extremis de retenir son attention.
« Pas possible ! » se dit-il.
Il hésita pourtant avant d’entrer. » …
… A l’intérieur régnait une odeur de poussière et de cire qui le conforta, il se trouvait bien dans une caverne où se dissimulaient des trésors oubliés, négligés, qui attendaient d’être découverts. Timide, réservé, oui en général, mais lorsqu’il s’agissait de céder à sa passion : chiner, il se découvrait plein d’initiative.
A son entrée, personne ne se montra. Il apprécia ce délai, il n’aimait pas que les vendeurs se ruent sur lui, le pressent. Ça lui permettait d’examiner tout à loisir les objets présentés : des rangées d ‘ouvrages anciens se soutenant mutuellement sur les étagères, des gravures ternies fixées aux murs, … »
… Il retira le couvercle de l’étui, en sortit un rouleau de parchemin qu’il déroula sous le regard de Valentin.
Vous permettez que je l’examine ?
– Oui, mais attention, s’il vous plait. Il est fragile.
Valentin posa les doigts avec précaution. Au toucher il reconnut un papier ancien, raide et légèrement déformé. L’encre avait pâli mais le texte restait déchiffrable. Il le parcourut, retenant son souffle avec de plus en plus de peine au fur et à mesure qu’il en reconnaissait l’auteur. En arrivant à la signature et en découvrant le monogramme qui y était dessiné, il n’eut plusse doute. Une émotion intense l’envahit, qu’il avait du mal à dissimuler. »
P 145
« François de Balzac exulte. Il brandit la lettre signée par Henri IV.
- Grâce à ce document, notre avenir est assuré.
- Je vous l’avais dit, renchérit Sygogne, lorsqu’on s’adresse à sa braguette, on obtient tout ce que sa tête s’empresserait de refuser.
Ils rient.
Sygogne affiche lui aussi une mine réjouie, tandis qu’il festoie avec son complice. Ce document va lui permettre d’atteindre trois objectifs : se venger de l’humiliation qu’il estime avoir subie en devant capituler devant le roi et son aréopage d’hérétiques – il souffre de devoir chaque jour leur faire des courbettes – assurer sa position en disposant d’un moyen de pression et aussi obtenir des avantages au même titre que les Entragues par le biais d’Henriette. »

P 188
« Lorsqu’il n’est pas de garde ou en service, Jonas aime à se promener dans Paris. Depuis que la paix règne, la ville est particulièrement active, les affaires ont repris. Grâce à l’action de Jean de Fontis et de Jonas, on ne craint plus de sortir le jour et moins la nuit.
Une foule de promeneurs, de vendeurs de produits de toutes sortes, de montreurs d’animaux, de comédiens ambulants, de mendiants et de solliciteurs emplissent les rues de leurs cris et de leurs discours. Tout le monde s’écarte lors du passage d’une voiture attelée de chevaux transportant un haut personnage, précédé par des serviteurs ouvrant le chemin. … Des dames de la noblesse s’aventurent à pied avec leur servante et leurs valets pour admirer ce que proposent les boutiques. C’est ainsi que Jonas a l’oeil attiré par un groupe au centre duquel se trouve une jeune femme dont la beauté retient l’attention. Elle est vêtue de noir et accompagnée d’une femme plus âgée à l’air revêche, d’une servante qui porte des paquets et d’un valet muni d’un bâton qui leur fraye un chemin dans la foule. Il ne peut s’empêcher de la regarder, subjugué. Soudain, son coeur fait un bond dans sa poitrine, il la reconnait. C’est Christine ! »
Editions des Falaises
Genre : Polar et roman historique
Publié en 2020
Couverture de Miles Hyman