Un conte, une fable …
Une réflexion sur la vie à travers les yeux de Yazid son parcours, ses réflexions, ses questionnements qui vont l’accompagner tout au long de sa vie.
Trouvera – t’ il ses réponses ?
Un roman fabuleux et rageur où Boualem Sensal nous y décrit l’Algérie des années 50 à aujourd’hui. Il s’insurge et dénonce avec véhémence mais lucidité et fatalité, une Algérie qui tente de vivre et de se reconstruire !! Une Algérie complexe et déchirée …
Des sentiments, des sensations exacerbées ! Mais où parfois au détour d’une pensée, d’une phrase, pointe une note d’ironie, une note d’humour !
L’on y croise des personnages fascinants, charismatiques et « bousculées » !!
Quelle sensibilité et quelle écriture !!
Conquise par ce roman qui nous transporte au delà des frontières !
Boualem Sensal … un auteur à part ! Un poète au ton rageur.

« Nous sommes faits de plusieurs vies.
Mais nous n’en connaissons qu’une.
Nous la vivons sur la scène de l’existence.
Elle est notre peau, notre identité officielle.
Mais les autres ?
Ah, il vaut mieux ne pas y toucher !
Elles se déroulent sur d’autres plans.
Ce sont nos vies cachées, nos identités secrètes,
Nos cauchemars,
Ce peut être un immense drame que de seulement y songer.
Se raconter est un suicide.
Les identités ne s’additionnent pas, elles se dominent,
Et se détruisent.
L’œuf, la larve et la chenille velue doivent
Mourir pour que le papillon naisse
Et meure à son tour. »

P 51 « Alors comment raconter cela, dire ce qui n’est pas, ce qui n’est plus, ce qui ce fut que sensations fugitives sur lesquelles on a mis des mots provisoires, peur, joie, honte, que sais-je, seulement pour les répertorier, pour ne pas oublier ? Le répéter ainsi, avec des mots controuvés, ça ne dirait fichtre rien à personne.
Il me faut dire pourtant, avec mes mots et mes croyances. Quand on part, lorsqu’on quitte un lieu, et toute une vie, on laisse un mot derrière soi, forcément, ne serait-ce que pour dire : nous étions là. Nous avons aussi à mettre de l’ordre dans nos affaires et laisser tout propre derrière nous. Partir est un acte grave, il se fait dans le respect de ceux que l’on quitte et de ceux qui nous accueilleront. Ils ne sont pour rien dans notre drame, on ne vient pas les encombrer avec nos soucis et nos questions. <et puis voilà, il est plus sain de vivre avec ceux qui ne vous connaissent pas qu’avec ceux qui ne vous reconnaissent plus. »
P 125. « Je fis ainsi cette découverte que la guerre n’est connue que par la paix qu’elle engendre, comme l’arbre se reconnaît à son fruit. La guerre qui n’apporte pas une paix meilleure n’est pas une guerre, c’est une violence faite à l’humanité et à Dieu, appelée à recommencer encore et encore avec des but plus sombres et des moyens plus lâches, ceci pour punir ceux qui l’on déclenchée de n’avoir pas su la conduire et la terminer comme doit s’achever une guerre: sur une paix meilleurs. Aucune réconciliation, aucune repentance, aucun traité, n’y changerait rien, la finalité des guerres n’est pas de chialer en se frappant la poitrine et de se répandre en procès au pied du totem, mais de construire une paix meilleur pour tous et de la vivre ensemble. »

P 229 « Il disait des choses comme ça, notre rabbin : « La vie juste est que les enfants enterrent les parents, l’inverse est la fin de l’humanité, la fin de tout. » Comment aurons-nous pu comprendre des paroles aussi compliquées ? Celle-ci l’était spécialement, de nos jours elle confine à l’absurde : là où les mollahs couverts de barbe grise enferment la jeunesse et stérilisent la vie, il ne manque pas de foules dans les rues, les stades et les mosquées, et là où les jeunes relèguent la vieillesse dans les mouroirs aseptisés et abusent de la vie, les maisons sont silencieuses, les rues désertes et les églises abandonnées à la faillite. C’est le mystère de la vie des hommes, elle fait très exactement le contraire de ce qu’ils pensent qu’elle ferait si par malheur elle les écoutait, ce qui évidemment jamais n’est advenu, la vie a son chemin, elle seule le connait, et n’entend que sa propre voix. L’homme n’a jamais été son destin, il est périssable et mal fichu, elle l’a trouvé sur la route et adopté par pitié. C’est un bâtard. « Il n’y a pas de bar-mitsva qui fasse d’un âne un cheval », disait-il quand il voyait les choses tourner à l’envers. »
Edition : Folio Gallimard
Genre : Roman
Publié en 2013
Votre commentaire