Tel un recueil l’auteur (je n’écrirai pas autrice cf p 86) nous dévoile sa vision de la femme et de la féminité !
Une belle écriture sûre et maitrisée où l’on y sent un questionnement longuement pensé et pesé !
Mais Il y a une certaine « colère » à travers les écrits de l’auteur où peut-être, tout simplement une envie impétueuse de se revendiquer Femme !!! Une revanche ! Un accomplissement !!
Dans tous les cas il s’en dégage beaucoup de convictions !!
L’ impression aussi que l’auteur associe la femme à une certaine douceur, bienveillance, tendresse … mais la femme n’est elle que ça ?
En lisant ce petit recueil on a vraiment la sensation que le sujet est vaste … et que chaque vision a sa légitimité !!
Un moment en apesanteur au pays de la Féminité … entre douceur et « revendication » …
J’ai vraiment été séduite par la prose de l’auteur … mais je garde une sensation étrange et inexplicable, une sorte de « malaise » … peut-être parce que le sujet touche aussi ma féminité ?

P 9 « Qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce que la féminité ? Est-on pleinement femme si l’on n’est pas mère ? La féminité passe-t-elle obligatoirement par l’accessoire, le vêtement ? Est-on femme sans aimer follement ou être aimée de même ? Est-ce que seul le sentiment amoureux peut faire éclore la femme en soi ? Est-on femme sans avoir joui ou fait jouir ? La femme est-elle lié à la séduction, à la sensualité, au désir, plus que l’homme ? Quels sont ses atouts par rapport à lui pour être davantage faite, selon l’avis répandu, pour aimer, ressentir, dire ou écrire les émotions ? La femme a souvent envie ou besoin d’être représentée, elle aime être face à son image ; est-ce être superficielle, ou courageuse et profonde au point de s’interroger ou travailler sur ce qu’elle renvoie d’elle-même ? Elle est plus souvent l’objet ou le sujet (encore une question à interroger) de représentations dans les arts ; elle aime poser pour les photographes, les peintres, les sculpteurs : faut-il avoir déjà confiance en soi, en son corps, pour le faire, ou est-ce en se confrontant à son image et en l’acceptant que l’on prend confiance, petit à petit ? »
P 25 « J’ai longtemps réclamé le silence : c’était ma manière de réclamer la paix, celle de la mort. Avec le bonheur qui entre à plus de quarante ans dans ma vie, je réclame le bruit, celui que je découvre fait pour moi, pour mon monde, celui qui se glisse dans ma vie dans des souliers de satin, pas le bruit des guerres familiales que j’ai subies trop longtemps sans pouvoir les fuir, avec ses cris, ses querelles, la folie des hommes, des femmes, des enfants, pas le bruit des casseroles assourdissantes que traînent aux pieds la violence et la bêtise, qui les annoncent, les précédent et les suivant ; résonnent malheureusement longtemps, longtemps, leurs échos, et se dessinent leurs contours, comme des fantômes du passé, qui parlent dans les cauchemars, agitent leurs chaînes et ralentissent la marche, boulets invisibles aux pieds. Je réclame des bruits délicats, la musique douce de la nature, des chants d’oiseaux sans les bourdonnements du passé, sans les éclats d’obus maternels qui pêtent dans ma tête de vétérante du malheur ; je réclame l’écoulement tranquille de l’eau sur les cicatrices de ma peau, son chuintement paisible, son doux sifflement contre ses reflets, je réclame le souffle de l’invisible dans mes arbres, …. »
P 50 « Être naturelle, cela veut dire quoi ? Cela ne veut évidemment pas dire de laisser son corps devenir une forêt de poils et d’odeurs sauvages. L’hygiène élémentaire passe par une forme de coquetterie, qui est plus de l’ordre finalement de la dignité et du respect de soi. Certaines, trop négligées, constituent pour moi une sorte de tiers-monde féminin, et même davantage : elles ne peuvent pas être appelées femmes, et presque plus êtres humains. On devient une bête quand on ne peut plus se respecter, et se montrer aux autres les cheveux sales, gras, le poil hirsute sous le bras, imprégné de sueur, révèle un être qui n’a plus d’égards pour lui-même. Il n’est pas question d’argent ici : un shampooing, un savon, un déodorant, un rasoir, ne coûtent pas cher. Ces êtres-là ne sont tout simplement pas dans l’envie d’être femmes, de se voir et d’être vues ainsi, à cause d’un mal-être sûrement. Elles veulent être des repoussoirs, éloigner l’homme probablement. »
Edition BOD
Genre témoignage Recueil
Publié en 2020
Le dessin de couverture « L’encre rêveuse » de Violaine Sausset
Photo de l’auteur Audrey Pasquet
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