Un polar où l’auteur nous embarque au coeur du Cotentin … sur l’ile de Tatihou et les iles Saint -Marcouf plus précisément …
Il suffit alors … de tendre l’oreille, écouter les vagues claquer sur les rochers, le ronflement du Tatihou II à marée basse, le cri des goélands, goûter aux embruns, sentir l’odeur bien particulière des parcs à huitres, …
Mais il ne faut pas se fier à cette douce nonchalance !!
Entre meurtres sanglants, enquête policière qui s’enlise, l’auteur sait où mener le lecteur, il construit et assemble les pièces du puzzle avec finesse et efficacité !
Derrière cette impression de vacances au bord de mer une enquête subtilement orchestrée et aux multiples rebondissements !
Et quel plaisir de retrouver Pastorius, ce détective privé, au mieux de sa forme ! Un Pastorius plus posé avec toujours cette pointe de « fantaisie » et de charme immuable !! Des dialogues percutants souvent teintés d’ironie !!
Une enquête captivante dont j’ai aimé cette atmosphère très particulière !! Et puis une enquête, chez moi dans le Cotentin, comment y rester insensible !!
Conquise bien sûre !!
Et un vrai Bonheur de découvrir Tatihou … autrement !!!

P 57 « Et maintenant, elle ne sort plus de Tatihou, plus jamais. C’est grotesque, elle devrait aller de l’avant, penser à elle et non à sa soeur. Camille n’est plus là, c’est terrible mais c’est comme ça.
Elle est toujours présente dans son coeur, et quand le coeur parle, la raison défaille.
Déraille plutôt ! Je me souviens de la dernière fois que je lui ai parlé, c’était à l’enterrement de Camille. C’était dix jours après le drame, les corps avaient été remontés par des plongeurs, quelle affaire ! Il parait qu’ils étaient carbonisés comme des merguez trop cuites. Blanche tremblait de partout, on aurait cru qu’elle allait mourir sur place. Elle est un peu morte aussi ce jour-là, il faut la comprendre. Très peu pour moi. Je la vois souvent en haut de sa tour la nuit, je ne veux pas aller la rencontrer, elle m’énerve à faire sa folle. On a bien raison de la traiter de « folle de l’île », moi, je vous le dis. Ce dont elle a besoin, c’est un bon coup de pied au cul ! »
P 9 « Blanche avait gagné la tour. Fidèle rendez-vous nocturne. Elle était montée tout en haut, s’était assise sur le rebord.
La Lune, austère et froide, la dévisageait comme un gardien de prison. Ni pleine ni belle, encore moins lumineuse, elle se contentait d’être là. Souvent effacée par les brumes épaisses, elle resurgissait parfois avant de fuir.
L’île où Blanche vivait était un minuscule bout de terre à deux doigts de la côte. On l’appelait Tatihou, un nom étrange et drôle, léger comme une friandise.
Mais cette île n’était pas légère, et drôle encore moins. Quant à la friandise, elle avait un goût amer, celui des jours sans passion.
P 138 « Je vais te confier quelque chose, chuchota-t-elle. Un jour que je pleurai, pas n’importe lequel, le 12 septembre 2017, juste un jour avant le drame, comme aujourd’hui, Camille s’est assise près de moi, a allumé son briquet.
Elle expliqua qu’elles devaient se séparer, Camille devant poursuivre ses études à Caen tandis que Blanche restait à Cherbourg. Elle ne le supportait pas.
- Elle m’a dit de ne pas avoir peur, a approché le feu de mes yeux. J’ai senti la chaleur mais je n’ai pas eu peur, non. La flamme a vaincu la larme qui coulait sur ma joue.
- C’était plutôt dangereux pour tes yeux
- Non, j’avais confiance. Camille m’a dit : « chaque fois que tu seras triste, je serai là, je recommencerai, comme un coup de baguette magique. J’irai brûler tes larmes ». Et chaque fois que je suis triste, j’espère encore ressentir la chaleur de sa flamme. »
P 225 « Le lendemain, Pastorius buvait son café. Des pêcheurs à pied partaient à la conquête de la baie. Saint-Vaast se relevait d’un grain au vent hargneux. Le souffle avait fait trembler les mâts le long des pontons agités.
Le privé observait la tour de la Hougue, immuable, insensible aux vents d’ouest. Se fichant bien des éléments, des caprices des hommes, elle surveillait le large, fidèle gardien. Elle, tout comme sa soeur de Tatihou, savait la vérité. Elle avait, pour sûr, vu passer les tueurs sous ses flancs, mais elle n’avait pas réagi.
Pastorius aimait à faire vivre les pierres, les arbres, les animaux. Tout pouvait prendre vie pourvu que l’imagination soit fertile. Ainsi il évacuait les mauvaises pensées de sa caboche abîmée.
Celle qui l’obsédait avait pour nom Blanche. Qu’était-il advenu de la rousseur de ses cheveux ?
Son portable restait désespérément muet. On ne la voyait pas arpenter les rives de son caillou, on ne la découvrait pas au sommet de sa tour.
Édition : Le Cargo Imaginaire https://www.lecargoimaginaire.fr/
Genre : Polar
Publié en 2020
Couverture ; Yvan Michotte
RENCONTRE avec l’auteur … Quelques questions pour tenter de découvrir qui se cache derrière le livre !!
A découvrir dans 42 rue des Mômes du même auteur.
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