Dans ce recueil de nouvelles …
Y planerait-il un léger vent de folie et de démence ?? ou plutôt, beaucoup de Clairvoyance !!
Des histoires surprenantes, dérangeantes … mais c’est avant tout et surtout une Ambiance et des Sensations !!
Des sujets forts, délivrés par une poésie « glaçante » !!
Une plume subtile et ciselée … sur fond de métaphores !
Un coup de coeur particulier pour « 3000 fois » et « La Terrasse »
Conquise !!
et toujours un plaisir de succomber à cette littérature … les Nouvelles !

La terrasse
« Elle parle, le soleil toute la journée, des patios des bleus sublimes, des rues sillonnées ensemble et là la terrasse à boire s’il vous plait, lui, assis près d’elle. D’eux une flamme un jour d’un coup, ça les a pris, l’embrassement soudain, un feu joyeux. …
Elle parle elle lui parle de quoi lui parle-t-elle, de quoi peut-elle parler si ce n’est du miracle absolu de leur voyage, cette expérience surnaturelle. Ils ont quand même dû voler, oui voler au-dessus des nuages à une vitesse mécaniquement inhumaine avant de pouvoir se poser là, et toujours vivants avec ça. Puis maitriser tous les chevaux et conduire la carriole, traverser le bout de désert, les montagnes, les vallées d’oliviers, dormir nus sous des étoiles dont on ne sait si une d’entre elles vous filerait entre les doigts pour venir vous bang et c’est fini mais rien n’est venu ils ont repris la route au matin comme si de rien. »
P 9
Mon tigre
« Personnellement je prends mes aises avec le temps, je ne comprends pas les gens qui sont toujours à regarder leur montre, à se régler sur des horaires plus ou moins imposés, à calculer ou à planifier leurs trajets ou leurs trajectoires de vie sur un agenda. Quelle vanité. Comme s’ils pensaient pouvoir le contrôler, avoir une quelconque maitrise du temps, en gagner ou en perdre, disent-ils ! Le temps ne passe pas, il coule, comme une rivière, il suffit de se glisser dedans et de ne plus y penser vraiment, voilà tout. »
P 61
3000 fois
« Non ce n’est pas une histoire d’habitude, ce n’est pas cette histoire-là, c’est juste que ça n’arrête pas, tu comprends, ma mère meurt chaque jour, plusieurs fois, elle meurt alors qu’elle ne devrait pas, je me souviens que je me disais dans le train la première fois ; je vais vers la mer où ma mère se meurt. Mais depuis je n’entends plus que ça, ça existait avant bien sûr, mais je n’entendais pas. Maintenant oui et je me sens démuni, je n’arrive pas à l’empêcher, j’ai juste ce mélange de colère et de tristesse à chaque fois que ça arrive, quoi que je fasse il y a toujours un moment où ma pensée s’échappe et je me dis non ce n’est pas possible, pas encore, ça ne va pas durer, ça ne peut pas durer, il faut qu’elle arrête de mourir, le jour, la nuit, c’est sans fin. »
P 105
L’embrasure
« Un peu de lumière passe par l’embrasure de la porte. Un filet. Ils disent tous que ça va aller. Ils veulent surement me rassurer avec leurs histoires de dire ça va aller mais personne ne me dit où ça va aller, et pourquoi il faudrait que ça aille. Aller. Pourquoi aller ? Pourquoi faudrait-il qu’on me déplace. J’ai des souvenirs, moi, ils ne m’appartiennent pas mais je les ai quand même bien là à l’intérieur de mon crâne, je les transporte avec moi, ils sont fragiles, ils sont bien où je suis pas besoin d’aller. »
Editions Quadrature
Publié en 2019
Genre ; Nouvelles
Couverture ; Quadrature
Photographie ; Stéphane de Vos
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