« Tourner la première page d’un roman de Gilles Leclerc est toujours pour moi un moment particulier, donc quand Gilles m’a proposé de préfacer la suite de son roman « Gabriel D’Esneval, Ni grâce Ni Pardon » j’ai bien sûre été enchantée.
Nous nous sommes rencontrés lors d’un salon littéraire à Eu en 2014 et depuis une amitié sincère est née.
Son univers m’interpelle … sa plume toute en poésie, son écriture typique de l’époque, ses longues phrases envoûtantes et enivrantes nous transportent avec passion au XVIII éme siècle, au coeur de la Normandie, du pays Cauchois plus précisément !!
La redécouverte d’un pan de l’histoire de France, la Révolution française sur fond de cap et d’épée m’a captivé !!
Ses personnages charismatiques nous plongent avec délice dans cette épopée. Des sentiments forts, des passions, des envies de vengeance qui tourbillonnent et résonnent au rythme des épées ! Ce deuxième roman, où l’on retrouve Gabriel D’Esneval sur fond de polar historique prolonge la « féerie ».
Puis ce « perce-coeur« , ce héros masqué justicier, nous rappelle les héros de romans d’aventures appartenant à notre littérature populaire.
C’est de ce fait avec grand plaisir que je réalise cette préface et souhaite encore longtemps, m’évader au rythme de ses mélopées … » Préface Vérone Lix’elle
Très fière d’avoir préfacé ce superbe polar !! Qu’ ajouter de plus à cette préface ?
Que c’est un polar savamment orchestré !!
Des dialogues percutants, avec de belles envolées époustouflantes !!
Conquise !!!
P 13 « Il y a un peu plus de cinq ans, au cours de l’année 1789, une grande voix grondait et menaçait. Elle était sortie des bras du sommeil. Elle avait suspendu ses gémissements, et s’était élevée. Elle était entrée en éruption, tel un volcan endormi depuis des siècles, et la terre avait tremblé. Cette voix volcanique, c’était celle de l’ennemi de toute espèce de faste. Celle d’un peuple s’était muselé, corseté, et enferré. Comme un seul homme, ce peuple s’était levé, et avait brisé ses entraves. »
P 32 « – Ma chère ! …
- Non ! Clama-t-elle d’un ton péremptoire en toisant les deux hommes, ne m’interrompez pas, je vous en prie. Vous m’avez fait grand peine, alors laissez-moi vous dire quelque chose. Vous souhaitiez connaitre mon sentiment sur ces sujets auxquels, je suis soi-disant si peu attachée, encensée ne rien y comprendre. Quoi qu’il en soit, pour ma part, je professe que c’est la faim qui, dans un premier temps, à poussé les hommes à la folie, et de la folie à la révolte. Mais, aujourd’hui, c’est la soif de pouvoir. Un malheur affligeant, une calamité qui affecte le peuple, et grand pays. La soif de régner, de commander qu’ont ces hommes est une fièvre dévorante, et des plus cynique puisqu’elle enfante des tyrans. Voilà, messieurs, ce que je pense. »P 55 « Un vent glaçant venant du Nord-ouest avait enflé lorsqu’ils traversèrent la vallée. Son souffle mordant s’engouffrait dans cet étranglement sans col et sans rivière, et il agitait le sommet des quelques chênes dépouillés qui bordaient le chemin caillouteux et périlleux menant à Mont-Cauvaire avant de parvenir à la forêt de Clères. Progressivement, l’ombre des arbres devint plus dense formant une masse noire que le chemin allait traverser. Les arbres qui semblaient s’adosser les uns aux autres, se heurtaient avec force, et faisaient entendre de longs sifflements sous les rafales redoublées. »
P 98 « Je suis, poursuivit-il, indéfectiblement persuadé que l’action d’opprimer, d’avilir, d’abâtardir, d’appauvrir, de confisquer et d’éteindre la noblesse originaire, et les propriétaires de terres d’une nation entière ne peut en aucun cas être légitimée, sous quelque forme que l’on cherche à la masquer. Le grand projet de vos tyrans est de vouloir faire table rase du passé pour construire un nouvel ordre qui n’existe que dans leur imagination, et pour ça, ils ne craignent pas de corrompre la nation entière. Ils veulent rompre le lien vital qui fait circuler la sève d’une génération à l’autre, du passé mort à l’avenir. Ces hommes ne valent guère mieux que les mouches d’un été. Si mon pays est florissant, c’est parce nous, Anglais, commençons par réparer et non démolir. A chaque pas que nous faisons, nous vérifions les résultats obtenus. La réussite ou l’échec nous guide pour le pas suivant et ainsi, éclairés par l’expérience, nous parvenons au but, en toute sécurité. »
P 130 « Je dois reconnaître ô combien vous êtes incroyable ou sot. Provoquer en moins d’une heure, deux des meilleures lames que je connaisse, cela relève de l’exploit. Offrez à leur fer votre gosier ou jetez-vous sur la pointe de leur épée, nous gagnerons du temps.
- Malherbe se retourna à peine, jeta un regard craintif sur le Maître d’armes, et reprit la parole.
- Pourquoi me fixez-vous ainsi ? On dirait Lucifer venu sur terre me faire goûter les plaisirs de l’enfer.
- Malherbe, vous chantez faux ! Vous parlez faux ! Vous prêchez faux ! Et sans retenue, vous accusez faux avec un zèle épurateur. Vous supposez vraie une chose qui ne l’est pas. Vous croyez votre raisonnement indiscutable, mais il porte faux. Il faut n’avoir aucune âme pour s’adonner à confondre un homme avec un tel acharnement. »
Edition : ESNEVAL
Publié en 2019
Genre : Polar historique