Silence ! On tourne !!
Et nous voilà, propulsés dans les années 60 … mais pas seulement. Une histoire où le passé est peut – être encore trop présent ! Un roman, avec comme décors, le théâtre, l’ORTF, tout un monde artistique où l’on y retrouve au fil des pages,
Raimu, Fernandel, Omar Sharif, …
Une écriture percutante et tout en rondeur ! Enthousiaste et tranchante !!
Une intrigue subtilement orchestrée !! Une mise en scène, un brin extravagante !
Les portes claquent !! C’est éloquent !!
L’auteur s’esclaffe , se gausse et … On en redemande !!
Un roman « théâtralement » interprété !!
Bravo !!
Conquise !!

Le régisseur lâcha ces mots sans l’ombre d’une émotion, tout résigné qu’il était. Champlain ajustait son costume à ses côtés,
tâchant de ne pas souiller le col de sa chemise blanche avec la pommade grasse qui enduisait son visage. Il jeta un œil dans la loge
du maître, avisa la bouteille de rhum qui trônait parmi le fouillis de peignes, de cosmétiques et de papiers gras. Elle était au deux tiers vide: restait
un tiers de surprise, ajouté aux quarante années de métier de la vedette, la soirée échapperait au désastre. On entendait le ronron du texte, débité sans accroc, sans silence impromptu;
les portes claquaient, les rires fusaient correctement, des rires de province, trop généreux. »
p 17 « En parlant de chignole, il avait gagné le pompon avec la sienne … Un gosse. Qu’allait-il faire avec ça ? Néanmoins, il acceptait la condamnation avec dignité, si le destin en avait décidé ainsi, c’était certainement
pour son bien. Il avait toujours vécu comme un garçon. A vingt-quatre ans passés, il se devait de jouer les hommes. Tous ses excès de vanité, de luxure misérable, avaient fait de lui un irresponsable.
Son oisiveté était ponctuée par de vagues engagements : maigres contrats parvenant à peine à le sustenter. Maman Champlain préparait encore le chocolat et les tartines de son garnement qu’il engloutissait à son réveil sur les coups de midi.
Elle lui laissait ses repas au chaud le reste du temps, des mets qu’il embarquait pour les picorer au pieu lorsqu’il daignait rentrer, sans même lui adresser le bonsoir. »
p 74 « C’est ainsi que Fébure l’avait surnommé pour se moquer de lui, pour l’humilier devant les rombières et les vieux messieurs qui lui servaient de public. Dès lors, il se voyait tel Charlot, avalé, happé par cette
machine infernale dans Les Temps modernes. Cette prodigieuse mécanique devait le propulser là-haut, tout là-haut, si haut qu’il en avait le vertige. Il voyait l’ombre de Jules Verne dans ce firmament, dans son gros ballon.
IL le devinait maniant ses croix d’attelle au bout desquelles il s’agitait comme un polichinelle au ventre mou. Un ventre … Cécile et son ventre … qui enflait, enflait, enflait ! Cette baudruche lui éclaterait en pleine figure
un de ces jours … Jaillirait de ses entrailles un être de chair tout sanguinolent qu’on lui flanquerait dans les mains comme un bout de savonnette. Cécile … »
p 189 « Il aurait pu filer en zone libre, rejoindre des copains partis tourner là-bas. De même, Joséphine Baker l’avait contacté lors de son départ pour l’Algérie, encourageant ses compagnons artistes à s’engager
dans la Résistance dans ce bout d’empire encore libre » … « Il écrivit à Fernandel avec qui il avait fait ses débuts à Bobino pour se rappeler à son bon souvenir. Il lui avait justement donné la réplique dans On purge bébé,
sous la direction de Renoir. Celui-ci lui proposait de le retrouver à Marseille. Mais son orgueil l’en empêchait. Il voulait prouver sa bonne foi. Un autre sentiment l’animait dans cette décision, l’ambiance de ce Paris occupé lui convenait
à ravir. Même s’il n’osait se l’avouer, il jouissait de traverser tous les maux, toutes les bassesses du petit parisien. Même si ces plaisirs défendus pouvaient lui coûter sa peau. »
13 Editions
Genre : Roman
Publié en 2019
Couverture : Adobe stock 2019
Portrait 4è : Vincent Lisonnet
RENCONTRE avec l’auteur … Quelques questions pour tenter de découvrir qui se cache derrière le livre !!
Interview à retrouver dans « Le gendre Idéal » du même auteur !
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