Un feu éteint … Fabrice Chillet

Un roman … une « chevauchée » à travers les mots et les émotions.
Une douce mélodie qui nous happeLundi … mardi … mercredi … jeudi …
Et si, cette petite musique lancinante était un voyage initiatique, un retour aux sources et un espoir de renaissance, « au delà des pavés » de Rouen ??
On y découvre une écriture envoûtante, et pourtant sans artifice ! La simplicité au service des émotions … et des sensations !! Exquis !!

Puis cette ambivalence, ces doux moments d’apaisement, ponctués d’angoisses  furtives. Cette sensation « pesante », persistante d’un malheur imminent … ou d’un secret enfin dévoilé et … et …

J’ai été très sensible à l’ambiance de ce livre !! Une mélopée authentique et délicate
Un premier roman qui donne envie « d’en découvrir un deuxième » …

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p 15 « Moi, je file vers les rues désertées. Je choisis les trottoirs défoncés par les racines des arbres. J’oblique vers les passages sans lumière. J’avance doucement vers les coulisses de ce vieux théâtre
branlant. Je reprends mes marques. Je revois cette plaque accrochée sur la façade d’une maison décrépite. « Ici a vu le jour Julien de Blosseville, navigateur et naturaliste perdu dans la mer du Gröenland
en août 1833 avec le brick La Lilloise qu’il commandait. » Je me souviens combien cette inscription me rassurait. On pouvait donc être né dans cette ville et devenir un aventurier à l’autre bout du globe. Doucement,
le pan de bois succède à la pierre et la belle verticalité des immeubles perd son équilibre, des quartiers entiers vacillent.« 
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p 28 « Au numéro vingt-deux, les volets, clos la veille, sont à présent ouverts. Il n’est plus temps de se défiler. Je tape au carreau, le code complice, la rengaine de A love supreme de Coltrane. Il saura forcément que c’est moi.
Une main apparaît qui écarte les rideaux bleus parfaitement opaques. La fenêtre s’ouvre et découvre le visage inattendu d’une jeune femme inconnue. »

p 60 « La soirée se déroule comme une suite chronométrée de petites cérémonies. A force de s’entortiller, les rituels attendus se mettent à soutenir le plateau de la table sur laquelle nous mangeons. La liane
hiératique part du sol et grimpe le long de mes jambes. Elle me ligote à mon siège et poursuit son ascension vers la lumière du lustre, suspendu au-dessus de nos têtes, comme un chandelier retourné. »

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p 72 « Je sais que la vie nous offre rarement de vrais instants de joie pure. Le plaisir est plus facile à provoquer. Il peut aussi surgir par surprise. Tandis que les chagrins durent jusqu’à étouffer l’insouciance.
Ils se superposent comme des couches de sédiments. Les rides de l’âme. Et, j’ai bien vieilli depuis quelques jours. »

p 32 « Après le premier verre de vin, il me demande des nouvelles de mon travail. « Rien de neuf. » J’enchaîne les reportages. Mais je crains toujours de faire partie de la prochaine charrette. Les journalistes de presse
écrite sont comme les derniers dinosaures. Ils s’observent du coin de l’œil en se demandant qui sera le prochain à disparaître. Je dérive ensuite sur ma vie sentimentale. Je me confie un peu sur mes liaisons récentes.
Une blonde très sportive, plus jeune que moi de dix ans. Elle faisait l’amour comme un homme et j’avais l’impression de jouir comme une femme. Juste après, une rousse très gracieuse. J’admirais chaque mouvement de ses bras,
de ses épaules, de ses chevilles. Elle a fini par me reprocher de trop la regarder et de ne pas suffisamment l’écouter. Elle avait certainement raison. »

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p 82 « Il faut que je bouge. S’agiter pour éviter de penser. Lors d’un récent rendez-vous chez la sophrologue, celle-ci m’a demandé les causes de ma fatigue. Je lui ai répondu que je
n’arrêtais pas de courir d’un reportage à un autre. Elle a ensuite voulu savoir ce que je faisais pour faire retomber un peu la pression. Je lui ai dit très sérieusement que je m’étais remis à courir au parc du Luxembourg.
Elle m’a souri et j’ai pris conscience aussitôt de la stupidité de ma réponse et de mon attitude. A la fin, elle m’a conseillé de faire des efforts pour « être davantage au présent« . »

Edition ; Finitude

Genre ; Roman 

Publié en 2018

Photo de couverture : 123RF/Aleksandr Rado

RENCONTRE avec l’auteur … Quelques questions pour tenter de découvrir qui se cache derrière le livre !!

Quel est votre premier écrit ? votre premier texte ?
Mon premier écrit, le premier texte que j’ai achevé, c’est celui qui a été édité chez Finitude. Auparavant, je n’avais jamais dépassé quelques pages…

Votre plus beau souvenir de jeune lecteur ?
Mon plus beau souvenir de jeune lecteur: Le petit Nicolas. J’avais la collection complète et je n’en finissais pas de les relire. Jules Verne aussi!

Le livre qui vous a « déstabilisé » ? et pourquoi ?
Le livre qui m’a déstabilisé: « Un homme qui dort » de Pérec par le sujet d’abord, ce personnage qui aspire à la neutralité la plus définitive face au monde et dans l’écriture, une forme à l’os, sèche et juste.

Ecrire, vous donne l’illusion de quoi ? La sensation de ???
Ecrire ne me donne l’illusion de rien. C’est d’abord du travail. Je me demande pourquoi j’y retourne.

Quel est votre thématique, votre genre littéraire (polar, roman historique, …), ce qui vous inspire et pourquoi ?
Décrire des caractères dans un environnement simple et contemporain, sans coup d’éclat. La vie, simplement.

Question bonus !
Quel est votre relation aux livres ? Pour vous un livre « heureux » est un livre corné, annoté, souligné, déformés, … ou pas ?
Je n’ai pas de relation affective aux livres que j’achète, seulement aux livres qu’on m’offre.

Merci Fabrice d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions. 

 

 

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