La part d’ombre … Marie-Françoise Chevallier Le Page

Tout commence par le viol, le meurtre de Marie, une jeune fille de 14 ans
et nous voilà happé par ce récit poignant et bouleversant où la même histoire est racontée à travers … trois regardstrois visions différentes,
la mère du meurtrier, la mère de la victime et la veuve K, la narratrice et « enquêtrice » …
Et pour une fois, la mère du meurtrier est entendue … on découvre une mère, une vision du meurtre sous un « angle nouveau » où il est
difficile de rester indifférent à tant de détresse, de culpabilité et de désespoir
Il y a dans ce « désastre« , cette « apocalypse » deux mamans meurtries à vie !!

L’écriture est juste et saisissante, et malgré tout, « perlée » et nimbée de poésie …

Un roman qui interroge, ébranle les convictions et où l’on comprend très vite que tout n’est pas si simple !!
Tout n’est pas Blanc ou Noir mais sans aucun doute … Nuancé

Un roman psychologique sublime de vérité … un roman sur des vies qui basculent et bousculent

p 99 « Vous savez, c’est étrange. Lorsque vous découvrez soudain, vraiment, que votre fils est, à n’en pas douter, un très grand criminel, votre première pensée n’est pas son devoir,
ni l’horreur de son crime. C’est cette effroyable, violente, brûlante certitude :
Vous sang a parlé, et il était mauvais.« 

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p 39 « Qu’ai-je fait au Bon Dieu pour mériter cela ?
Ma conscience me tourmente :
c’est vrai, même au fond de l’abîme, je pense encore à moi !
Car oui, c’est moi l’erreur …
J’ai engendré un monstre !
Enfin, un assassin. Est-ce bien différent ?
J’ai mal. Tellement mal !
J’ai mal à la victime. Car il l’a violée, la victime !
J’ai mal à mon enfant, le petit lièvre noir issu de mes entrailles.
J’ai mal d’être sa mère. Je n’ai pas su l’aimer ?
Pas pu le protéger ?
J’ai mal à l’entrecuisse,
cette porte secrète intime et inquiétante,
porteuse de nos espoirs, comme de nos désespoirs, déflorée sans respect,
déchirée sans scrupule,
obscur objet du vil désir d’un homme sans honneur ni regrets,
intimité polluée,
plaie béante infectée,
sexe donneur de vie, mais où la mort se niche,
précieux recoin de l’être
qui ne servira plus.
Oh non, ça, plus jamais ! »

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p 183 « LA HAINE !
Votre fille devant vous, couchée à moitié nue parmi les herbes folles, écartelée, et déchirée à grands coups de couteau, offerte aux yeux de tous sous les pâles reflets d’une lune stupéfiée de tant de cruauté,
c’est bien trop de douleur.
Vous êtes anéantie.
Puis, soudain, vient la haine. Elle va vous sauver, même si, peut-être, un jour, mais alors dans longtemps, vraiment dans très longtemps, après avoir compris, il faudra pardonner.
Qu’est-ce qui permet de vivre, de continuer à vivre, de respirer toujours, d’avoir un cœur qui bat, quand la mort a frappé, emportant dans le vent qui traversait la chambre le fruit de vos entrailles, la prunelle de vos yeux, votre seule raison d’être ?
Enfin, tout ce qui compte, vraiment, pour une mère. »

Les Editions de La Safranède

Publié en 2016

Genre : Roman

Illustration de couverture : Marie-Françoise Chevallier Le Page inspirée d’une photographie de Alexander Khokhlov

 

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