Un polar qui nous transporte en Normandie …
Un début de livre où l’auteure plante le décor, tisse l’intrigue !!
L’enquête progresse, nous sommes tout de suite embarqués, il règne néanmoins un sentiment de « distance », une enquête presque sans état d’âme, les sentiments … semblent futiles !!
C’est précis, concis et efficace …
Puis les sentiments, les sensations apparaissent … avec subtilité !!
Aurais-je « décrypté » l’univers … de l’auteure ?
L’écriture est fluide … subtile avec, juste une pointe de poésie savamment dosée … où les personnages, les relations humaines y sont dépeint avec « parcimonie » …
Le rythme est soutenu … l’ intrigue est très bien ficelée, on est happé par cette ambiance où rôde, un secret de famille bien étrange ??
On découvre aussi avec fascination, Sotteville les Rouen …son histoire … son château … son marché , cette micro société avec ses codes …
Une belle surprise littéraire !!
Un polar entre finesse et efficacité !!
p 24 « Cécile regarde par la fenêtre, ses yeux sont rivés sur le bal d’un oiseau qui tournoie dans le ciel, un goéland peut-être, un goéland venu du Havre et
qui continue sa course vers Paris. Tous les éléments de l’enquête sont là dans sa tête et ses yeux vagues cherchent une piste dans le ciel blanc de ce mois d’avril :
un homme roux qui ne l’était pas, un homme malade qui marche alors qu’il ne le devrait pas, un mot, un prénom, Masséo, qui ne fait référence à rien, du plomb, un
minuscule pavé de céramique bardé de signes runiques … et un homme qui se meurt …«
p 33 « Le lieu est fascinant, on a l’impression de plonger dans des temps reculés, voire même dans un monde décalé et fantastiques. C’est le noir absolu, le
faisceau de la lampe torche balaie les parois creusées il y a plus de 500 ans. Certains silex qui affleurent sont comme des gargouilles grimaçantes.
Ce qui surprend le plus, c’est le silence, un silence humide et profond, rien ne bouge. Tobbias se sent entouré par des présences anciennes qui se révèlent à lui grâce aux mots gravés sur les parois … »
p 49 « Un quartier sur un marché, c’est une zone délimitée par les étals, une sorte de micro société qui se crée au fil du temps. Les commerçants s’inventent une nouvelle famille
composée des proches voisins d’étal. Et, plus on s’éloigne de son étal, plus on sort du cœur de son quartier, moins l’on se sent chez soi, même si des fils sont tendus entre différents quartiers. »
p 66 « Je sais, affirme Cécile, c’est l’ancien parc des Marettes dont une partie est occupée maintenant par le Bois de la Garenne. Regarde, on voit le château ici, il a été détruit en 1961, je le sais car c’est l’année de mariage de mes parents.
ça a été quelque chose à l’époque, je crois. Et la place de l’Hôtel de ville date de cette époque, tu vois le château était en bas vers la rue Garibaldi. Le magnifique parc arboré autour de la bâtisse faisait vingt-huit hectares au XVIIe,
au moment de sa construction. Je ne sais pas si tu te souviens, mais on a abattu en 2011 un platane sur la place car il était attaqué par un champignon. Eh bien, cet arbre faisait partie du parc ! »
p 83 « Maman est née en 1932 à Sotteville. Ses parents tenaient une boutique, place de l’ancienne mairie. Elle me racontait qu’elle adorait aider les commerçants à installer leur étal les jours de marché, en échange d’une pièce. Elle aimait
l’ambiance et l’effervescence qui s’en dégageaient. Puis, vint la guerre, avec son lot de destructions, de peur, de flammes, de trahisons et de misère. Sotteville a été gravement touchée, les bombardements dans la nuit du 18 au 19 avril 1944 furent les
plus terribles. La ville était méconnaissable, la place n’était plus qu’un trou béant, la maison de Jeanine a été complètement soufflée. »
p 125 « Il lève sa main droite, celle qui n’est pas en contact avec Cécile et l’avance vers le visage de la lionne dans ses draps blancs. Il replace une petit mèche qui tombe sur son front et en profite pour lui caresser graduellement la joue.
Il sent la délicate carnation de sa peau, elle frémit sous ses doigts. Cécile ferme les yeux. Ce geste ne dure que quelques instants, l’un et l’autre en savourent chaque millisecondes. Un long picotement les transperce de là où leur peau
se touche jusque vers leur ventre, il y surgit une volée d’étincelles ... »
Edition : Yübi
Publié en 2017
Genre : Polar
Illustration couverture : Céline Ruquier Gaudriot
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