Sales Guerres … Laura-Maï Gaveriaux

DSC_3832-2« Sales guerres »

est un Reportage … un Témoignage … un Carnet de Bord
où l’on y découvre deux approches … deux visions !!

L’approche politique … tout d’abord !!  
La Turquie et  la montée de la domination du président Recep Tayyip Erdoğan. Son pouvoir … sa vision … ses actions …
Le conflit et le rapport de force entre l’Etat Turc et le PKK, Parti des Travailleurs du Kurdistan !!
Cette analyse détaillée nous permet de découvrir, plus en profondeur le conflit entre l’Etat Turc et le peuple Kurde, ainsi que ses origines !!
On y découvre à travers ce témoignage  LA grande REPORTER … efficace et déterminée !! Un travail de journalisme pointu … organisé … affûté ou rien n’ai laissé au hasard !!

puis en parallèle

Il y a LA FEMME solitaire … libre … sensible … au cœur de l’action !!
Son quotidien … ses doutes … ses rituels … ses besoins de repères malgré tout !!
Ce lien très fort qui la lie à son père. Cet appel journalier comme un pont indispensable vers la France … un bref moment de « retour à la normalité » …
Il y a aussi Tom, Son Ange Gardien
Il y a des moments de doute !! Ne pas trouver le sujet … « le fil à tirer » avec la peur de se perdre !!
Puis avancer sans penser à l’avenir proche … être toujours dans le moment présent !!
Et Une obsession !! Garder son œil de journaliste … ne surtout pas devenir militante …

Puis ce qui m’a tout particulièrement touché c’est la vision de Laura-Maï sur ces femmes
De réels sentiments de tendressed’admiration … et de respect

Une vie riche de rencontres !!

Un livre Fort et Enrichissant … à découvrir comme une ouverture sur le monde …

En conclusion de ma chronique … un simple extrait qui caractérise et décrit assez bien le parcours de Laura-Maï Gaveriaux …
un extrait d’Alice aux Pays des Merveilles ...
p 161 « «Voudriez-vous me dire, s’il vous plaît, par où je dois m’en aller d’ici ?
— Cela dépend beaucoup de l’endroit où tu veux aller, dit le Chat.
— Peu importe l’endroit, dit Alice.
— Dans ce cas, peu importe la route que tu prendras, répondit le Chat.
— … pourvu que j’arrive quelque part, ajouta Alice en guise d’explication.
Oh, tu ne manqueras pas d’arriver quelque part, si tu marches assez longtemps.»
Lewis Carroll,
Alice au pays des merveilles

Sales guerres

p 56 « « D’un mur à l’autre d’une rue, arqués ou arc-boutés, les
pieds poussant un mur et la tête s’appuyant à l’autre, les cadavres, noirs et gonflés, que je devais enjamber étaient tous palestiniens et libanais. Pour moi comme pour
ce qui restait de la population, la circulation à Chatila et à Sabra ressembla à un jeu de saute-mouton. Un enfant mort peut quelquefois bloquer les rues, elles sont si étroites,
presque minces et les morts si nombreux. Leur odeur est sans doute familière aux vieillards : elle ne m’incommodait pas. Mais que de mouches. »

p 65 « C’est pourtant ma manière habituelle de faire, me plonger pendant de longues semaines, vivre un quotidien et, quand je tombe dessus, tirer le fil. Le terrain
est premier, il impose le sujet, il définit l’angle. Mais cette fois, je suis allée en sens inverse. Excès de confiance ? Un peu de facilité, sûrement… Ça n’est
jamais très confortable de commencer par accepter de se perdre. »

p 76 « C’est de Diyarbakir qu’est partie la crise ayant mené à cette fameuse pétition des universitaires, et à leur ostracisation. Après que le processus de paix en
cours depuis 2013 entre l’État turc et le PKK a pâti du contexte régional, des tensions entre la population et la police ont mené, dans une dizaine de villes kurdes, à
de vastes « opérations antiterroristes », ainsi qualifiées par les autorités. La pétition dénonce leur violence, et le fait qu’elles visent indistinctement les civils – ce que les
auteurs qualifient, pour leur part, de « massacre » et de « déportations forcées ». Et puisque les signataires ont trop peur de me parler, je pars à la source du problème. »

 

 

J’ai eu le plaisir et l’honneur de pouvoir échanger et interwiever, en accompagnie de Fred Afdp, Laura-Maï Gaveriaux lors du salon « Edite-le … avec des livres » à Mesnil Esnard !
Une chronique donc très particulière pour moi … (photo Christian Pujol)

p 165 « Tom. C’est lui qui garde un œil sur moi quand je suis seule en vadrouille. Ancien militaire en « opex 1 », observateur des mouvements djihadistes, il a connu le terrain et il est super carré. Les règles sont simples :
quand je pars, je le préviens sur WhatsApp, et je lui donne l’itinéraire. Si la route est dangereuse, je lui envoie ma position toutes les heures, et je le sonne avant tous les checkpoints. Si je ne donne pas signe de vie au moment où je suis censée le faire, c’est lui
qui conserve un mail crypté avec les contacts d’urgence à activer : ceux qui, sur place, seraient les plus utiles pour aider à me retrouver ; l’ambassade ; mes correspondants au Quai d’Orsay. C’est un lien discret mais solide, qui conjure aussi l’isolement mental, inévitable.
M’adresser à quelqu’un et voir une réponse apparaître sur l’écran du portable, ça peut être assez décisif quand je me rappelle que je suis loin de chez moi, sans filet de sécurité. Ça aide à ne pas devenir dingue. En fait, Tom, c’est mon ange gardien. »

p 257 « Je commence par appeler mon père. Je l’appelle toujours à cette heure, en fin de journée, quand il est encore au travail. Et je parle beaucoup. Je crois qu’au fil des années, il a fini par mettre le téléphone sur haut-parleur
pour me laisser débiter tout en continuant de vaquer à ses occupations, entrecoupant mes tirades de quelques monosyllabes habiles … j’ai vraiment besoin de lui parler. Je lui raconte tout, je ne lui épargne presque rien. Je ne sais pas pourquoi j’éprouve le besoin de lui dire quand il y a des combats, quand je
me fais arrêter par les condés, ou quand je prends des risques. Il reste que c’est exactement le même besoin qui me fait aussi lui décrire les paysages incroyables que je vois, les gens merveilleux que je rencontre, et les plats dingues auxquels je goûte.
C’est peut-être une envie de partager les choses mais, plus fondamentalement, j’ai besoin de ces quelques minutes de normalité – une fille qui raconte sa journée à son père. Quant à lui, je crois qu’il se prête à ce rituel en vertu du contrat ; le contrat tacite
qui nous lie : « OK, je t’accompagne dans cette vie que tu as choisie, je te soutiens, je prends sur moi,mais toi, tu rentres. »

Laura et moi

Laura-Maï Gaveriaux et moi lors de l’interview – Photo Fred Afdp (Presse 30) 

p 267 « Yeni Cami / La mosquée neuve !! Je ne serai jamais religieuse. Mais, parfois, je me glisse près des femmes qui viennent prier, souvent à la mosquée d’Eminönü, parce que c’est une de mes préférées à Istanbul.
Je viens juste pour être avec ces femmes et les observer – surtout, croiser leur regard. Elles me voient là, assise avec elles, alors que je n’ai rien à y faire. Profane, gauche.
C’est d’une tendresse pudique qu’elles me regardent, quand leurs yeux rencontrent les miens. C’est qu’aussi je les trouve si belles et captivantes. Les jeunes ont de l’allure ; les plus âgées ont la nonchalance d’une vie déjà bien vécue, et comprise.
Elles sont tellement plus belles, concrètes, amusantes, espiègles et fières que tous ces tristes esprits ne pourront jamais l’imaginer. Sous les voiles, je vois du secret, de la tradition, de l’individualité. Et même quand elles posent le front sur leurs mains graciles,
contre le sol, je ne trouve rien qui porte ici le nom de soumission.
8 April 2016.«

p 277 « Facebook – Laura-Maï Gaveriaux (profil privé)
Je vais vous dire : il y a de beaux hommes dans le coin, mais il n’y a rien de plus magnétique que ces femmes passé minuit. Quand le serveur emmène la bouteille de raki, il la fait claquer sur la table ; ses yeux à elle se ferment
un peu, son allure se compose. Et cette femme, avec son port de tête qui dénote une impérieuse élégance, commence à chanter un air de méandres. Elle balance légèrement, son regard transperce le vide physique devant elle. Elle fume comme par provocation,
et ce n’est pas une posture. Elle se consume. Ça va de soi. Elle sait ce que donne la guerre : son père, son oncle ou son frère y sont morts. Elle pourrait y aller aussi. Les femmes de ce peuple ont appris à se battre – histoire de
prévoir, quand il n’y aura plus d’hommes. Tout se tient dans ce corps, rien ne se fige. C’est la nonchalance mêlée de fierté, qui séduit sans vouloir. Elle est plus que la séduction : elle est le sens et le frisson des chairs qui se livrent à leur mort prochaine.
Elle est la joie forcenée et la mélancolie obstinée.
Elle est très belle.
Elle est kurde, kurde d’Amed.
24 juin 2016″

https://editions-observatoire.com/content/Sales_guerres

p 292 « 30 juin 2016, Lice. Je m’appelle Hantas …. Pourquoi je devrais détester les Turcs ? Ces soldats, ces policiers, ce sont des êtres humains, comme nous. Ils sont pleurés par des gens, ils avaient des rêves, des sentiments. S’ils sont chez nous, aujourd’hui, à commettre
ces crimes, c’est parce qu’un système les y conduit. Haïr les hommes ne produit rien de bon. Ça ne fait que perpétuer la guerre et les mécanismes de domination. Il faut s’attaquer au système : il faut l’étudier, le connaître et
le changer. C’est la seule solution pour arrêter cette violence. La guerre est ce qu’elle est. La guerre, c’est tuer. Nous aussi, nous avons tué. Il n’y a pas de saints dans la guerre. Mais les Turcs ne sont pas mes ennemis. Si,
demain, chacun décide de rendre les armes, je viendrai déposer les miennes, celles de mon frère, celles de tout Lice, à leurs pieds. »

Rencontre avec l’auteure au salon du livre « Edite-le … avec des livres » à Mesnil Esnard (76) … le dimanche 8 Avril 2018 

Editions de L’Observatoires

Publié en 2018 

Genre : Reportage, Témoignage, Essais

 

 

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