Janvier 1975 ...
« L’heure que je n’ai pas vécue. Ton enterrement. Ils m’ont dit de rester à la maison, et je me retrouve là, dans ta chambre, près du lit. Je vois leur peine. Et leurs larmes sous le soleil.
Je vois à travers le volet mal fermé. ça pleure, ça gémit, ça se tient par les mains. Les uns derrière les autres, à petits pas. » p 11
Bruno 6 ans … observe le cortège, le cœur serré et sans comprendre ce refus …
Il comprendra … plus tard … au fil des jours, qu’il ne reverra plus JAMAIS sa maman !!
Il va devoir vivre avec cette douleur … ce manque … et cette incompréhension déchirante !!
Mais comment peut on vivre sans sa maman quand on a que 6 ans ?? p 78
Un cri … Un hymne à l’amour… Un amour « viscéral » … pour sa maman !!
Des mots d’enfant qui oscillent entre désespoir … révolte et « joie d’enfants » …
Un livre à l’image de Cali … écorché …torturé … tendre et lumineux …
Une belle plume toute en poésie … « frivole » … parfois tranchante souvent troublante !!
On découvre à travers ce livre les failles et les « inspirations » de Cali … ses textes … et ses ballades qui nous emportent …
Un livre à fleur de peau … des chuchotements … des baisers … et la vie continue malgré tout …
p 171 « Chaque recoin de la vie, pour peu que l’on gratte un peu, regorge d’instants merveilleux.«
p 37 « L’été dernier, c’était un soir, plus de lumières dans la maison. Pas grave. Tu as pris ma main et m’as raconté des histoires de « quand tu étais petite« . Une lampe à gaz ronronnait à côté de nous, et par sa lumière
légèrement saccadée je te voyais conter tes récits comme dans un vieux film. Tu as posé ton châle rouge sur mes épaules quand je me suis endormi sur tes genoux. Autour de nous régnait une odeur de feuilles et d’herbes
qui montait de la forêt et pénétrait dans le moindre recoin de notre demeure. Une odeur de promesses d’été. Tu me manques à crever, maman. Jusqu’à quand vas-tu mourir ? »
p 46 « Alexandre est Sandro, mais c’est avant tout mon Alec. On va tout partager lui et moi, tu sais. Tout. Secrets, pluies et chagrins, joies immenses comme minuscules. Quand il fait beau, c’est-à-dire
presque tout le temps, on prend les vélos, on fonce sur les petites routes autour du village. On coince des bouts de carton pliés sur les pare-boue et ça pétarade comme une moto.
Le carton tape sur les rayons et on se retrouve sur un vrai chopper… on joue aussi au foot dans le grand parc qui borde sa maison. »

p 67 « Ce soir, le coin de mes lèvres a touché le coin des lèvres de Carol Bobé. Pour de vrai. Oh juste le coin de ses lèvres. Je n’ai pas pu y demeurer ; je n’avais plus assez d’air. Je reviendrai. Craché, juré. Je
redescends de la haute montagne, d’un Everest d’enfance. J’ai les yeux brûlés. Ai-je le droit d’être si heureux ? »
p 70 « Sans dire un mot, j’enlace Alec. » … « Je le serre fort. Il ne se dégage pas. Ses bras sont libres ; ils ne me retiennent pas. Il est là, avec son corps, son petit corps, collé au mien. Pas besoin de parler. Il sent ma vie griffée de l’intérieur. J’ai envie
de pleurer dans ses bras larges comme le vent, de pleurer dans ses bras de meilleur ami.«
p 73 « Ton enterrement s’éloigne un peu plus chaque jour. Ce que je sens, ce que je ressens, ce sont ces jours qui glissent les uns sur les autres. Chacun efface le précédent. Pourtant je distingue tout avec précision.
Je suis toujours derrière ces volets, me demandant si je passerai toute ma vie caché – à regarder la procession. »
p 77 « La nuit se réveille avec ses grands voiles d’obscurité. Elle rend silencieuses les choses en les touchant du bout de ses doigts. Je rentre dans ma maison triste. Je devrais du moins. Je ne veux pas, maman. J’aimerais respirer ta robe à carreaux.
Ils l’ont aussi brûlée ta robe de printemps. Ce que j’ai de toi ? Une photo. Tu souris devant les marches de l’école. Tes cheveux ne sent pas les tiens sur cette image. Tu portes une drôle de perruque rousse ; on voit bien qu’elle est fausse.
Tu as passé tes sourcils au crayon. Il me reste ça. Je rentre, me jette sur le lit, j’enfouis mon visage sous les couvertures. Je suis tout petit et je pleure, longtemps, tellement longtemps. Je suis plein de larmes, je suis trop plein de toutes ces larmes,
je voudrais me vider. Il y en a toujours de nouvelles. »
p 78 « Pourquoi ne puis-je pas pleurer davantage ? Oh pardonne-moi d’avoir certains jours le corps trop sec, de ne pas sentir la douleur me frapper des pieds à la tête, de ne pas savoir pleurer mieux. Est-ce parce que tu n’es pas tout à fait
partie ? Pas encore ? Tu n’es juste pas là quand je voudrais que tu sois là. Tu te tiens dans l’ombre du jour, et je ne peux être avec toi. La mort n’existe pas. C’est ça,maman ? La mort n’existe pas. Maman ? »
p 65 « Seuls les enfants savent aimer.
Seuls les enfants aperçoivent l’amour au loin, qui arrive de toute sa lenteur, de toute sa douceur, pour venir nous consumer.
Seuls les enfants embrassent le désespoir vertigineux de la solitude quand l’amour s’en va.
Seuls les enfants meurent d’amour.
Seuls les enfants jouent leur cœur à chaque instant, à chaque souffle.
A chaque seconde le cœur d’un enfant explose. »
Edition : Cherche Midi
Genre : Roman autobiographie
Publié en 2018
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