Une belle histoire … Un roman historique où … dès les premières pages l’auteure plante le décor … la Bourgogne … Philippe Le Bon … la construction des hospices de Beaune …
on découvre la vie dans les contrées … les campagnes bourguignonnes !!! les nobles … la petite bourgeoisie mais aussi les « petits gens » … les fermiers … les vignerons … les ouvriers …
Une épopée historique … qui nous conte la vie … le destin des femmes au XV ème siècle … leur condition dans la société de l’époque …
Puis il y a la naissance de Balbine … le personnage central … sa vie troublée … élevée par sa mère Marguerite et son beau-père Achille. Elle découvrira en grandissant le nom de son véritable père !!
Il y aura La Rochette … Les Joinville … un tournant bouleversant dans sa vie de jeune femme …
Puis Il y a sa passion et son dévouement pour les hospices de Beaune …son envie et sa vocation pour soigner et apprendre les plantes qui apaisent !!
On découvre ainsi son quotidien dans les hospices … la vie des Dames hospitalières dignes et dévouées … consacrées aux souffreteux !!
Des personnages forts qui ont jalonné la vie de Balbine …
Marguerite sa mère forte et volontaire …
Jeanne née d’un viol … passionnée aussi par les plantes médicinales …
Guillaume de Joinville … son secret lourd à porter !! Ce secret qui le hante et accélérera peut être sa perte !!
Un beau roman malgré un début « tranquille » et « narratif » ou il m’a manqué de l’émotion dans l’écriture … puis le rythme s’accélère … Balbine est devenue dame – hospitalière … l’écriture se pose et là l’émotion
nous transperce … on se retrouve embarqué et envouté par cette épopée !!
Une fin surprenante et inattendue … Une « volte face »… un tournant étonnant !!
Un très bon moment de lecture … où le roman et l’histoire de France se mêlent et s’emmêlent … pour le bonheur du lecteur !!!

p 18 « Certes, elle avait du mal à imaginer ce que représentaient ces fameux hospices mais elle savait déjà qu’elle n’oublierait jamais cette journée, les joues rouges d’Achille, la gaieté de sa mère,
le rire d‘Isabeau, les battements de cœur du bébé. Et même le regard insistant de l’inconnu au chaperon blanc …
Une fois devenue une très vieille dame, longtemps après, elle se le rappellerait : c’est en ce jour du 4 août 1443 que s’était jouée toute sa vie. »
p 75 « Élève douée, Balbine n’éprouva pas de difficulté à assimiler les leçons du père Henriot qui la couvrait de compliments et avec lequel elle entretenait des liens très amicaux. De même, son corps, habitué aux travaux physiques, s’acclimata vite aux leçons d’équitation
auxquelles elle prit beaucoup de plaisir. Moins aisées furent celles inculquées par Hermione, danses et bonnes manières qui malmenaient sa patience. Elle était consciente de la nécessité de savoir se tenir en société, néanmoins elle rageait du peu de considération qu’on
prêtait aux femmes et l’absence de liberté qui pouvait enlever tout éclat à leur existence. Au moins, dans son propre milieu, elles travaillaient, ce qui n’était pas le cas au sein de la bourgeoisie et de la noblesse où elles se voyaient relégués dans le rôle restreint d’épouse et de mère.
Balbine n’était pas venue ici pour se voir mariée de force à un inconnu et mettre un enfant au monde tous les ans. »
p 77 « Hermione avait marqué sa désapprobation à la voir lire de tels sujets par un échange incisif avec son beau-frère. Sa bienveillance avait laissé place à un courroux qu’elle estimait légitime, une jeune fille à la réputation sans tache n’étant pas censée se délecter de l’histoire de Tristan et Yseult
telle que la racontait Thomas d’Angleterre dans son Tristan. Toutefois, Guillaume s’était montré inflexible et la jeune femme avait dû accepter sa défaite, son avis comptant pour rien dans les décisions prises par les mâles de la famille. »
p 81 « Sa première pensée fut de tout avouer à Hermione quand elle remonterait après le bain – ce bain qui était à l’origine du crime car Balbine avait oublié toute prudence dans le plaisir suscité par l’eau, dévoilant à Audouin sa quasi-nudité, achevant de lui faire perdre le sens commun.
Puis la jeune fille songea au scandale qui résulterait de ses accusations. … Si ce crime était rendu public, elle ne trouverait plus de mari ; pire, elle ne pourrait plus jamais prétendre à la fonction de dame hospitalière puisque ces dernières se devaient d’être chastes et
de bonne réputation. Personne aux hospices ne se porterait garant d’une femme à laquelle la virginité avait été ravie lors d’un viol dont toute la ville se ferait l’écho. »
p 143 « La nouvelle se répandit comme un souffle glacé dans la ville de Beaune : le chancelier avait rendu son âme à Dieu ! Nicolas Rolin était mort à l’âge canonique de quatre-vingt-six ans ! C’était en hiver 1462, un triste jour de janvier. Tout le mois qui suivit, aux hospices, on n’entendit
plus que larmes et prières, car les malades autant que les sœurs avaient perdu leur bienfaiteur. On disait que Guigone était éperdue de chagrin. »
p 146 « Jehan Royer avait été recruté en tant qu’apothicaire tout simplement parce que son échoppe était située sur le pont aux Chèvres, près des hospices. Ainsi, il approvisionnait l’hôpital en substances de toutes sortes, et se chargeait de leur transformation
en remèdes. Un chirurgien-barbier, maitre Symon Magnien avait également été adjoint aux hospices, mais Balbine n’était pas attirée par sa profession. Décidément, elle préférait les plantes. »
p 166 « Balbine recula vers la porte en bredouillant un remerciement et s’éloigna dans les couloirs d’un pas vif. Jamais elle n’avait éprouvé un tel bien-être. Il lui semblait qu’elle emportait avec elle une force nouvelle, assez grande pour effacer toutes les fatigues et tous les doutes.
D’où lui venait-elle ? Peut-être devrait-elle s’en confesser au père spirituel pour l’avoir accueillie en elle, pour ne pas s’être dérobée aux regards de cet homme qui n’avait rien d’un prêtre ? »
p 169 « Depuis la mort de son père, en 1467, Charles le Téméraire était à la tête du duché de Bourgogne. Animé par de hautes ambitions, il désirait dans ses rêves les plus fous octroyer une couronne à son duché qu’il jugeait bien dérisoire. Mais en cette année 1470, Balbine
ne se doutait pas que l’accession de cet homme allait précipiter la chute de la Bourgogne. »
p 224 « Jadis, Balbine lui avait laissé son carnet des simples. Jeanne avait ainsi mémorisé les usages des potions médicamenteuses, leurs bienfaits, leurs dangers, si bien qu’aujourd’hui elle était capable de retranscrire l’ouvrage dans sa totalité. A son inclination
pour l’exotisme et les voyages était venue se greffer cette ferveur envers les plantes médicinales. »
p 225 « C’en était fini de la grandeur bourguignonne. Après les règnes successifs des Valois, de Philippe le Hardi, de Jean sans Peur, de Philippe le Bon puis de Charles le Téméraire, d’un peu plus d’un siècle de souveraineté, de magnificence et de progrès, le désastreux siège de Nancy,
en 1477, donna lieu à une bataille sanglante, un vrai massacre pour l’armée du Duc de Bourgogne, décimée par celle du duc de Lorraine. »
Édition : Presse de la cité
Genre ; Roman historique
Publié en 2017
RENCONTRE avec l’auteure … Quelques questions pour tenter de découvrir qui se cache derrière le livre !!
Interview à retrouver dans la chronique « Les Amants de l’été 44 » du même auteur.
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