Arrête avec tes mensonges … Philippe Besson

Philippe Besson est devenu écrivain … et il se souvient !!
Après avoir beaucoup « imaginé » dans ses précédents romans il se décide à raconter un moment important de sa vie !! L’auteur se dévoile à travers cette belle histoire !

Une histoire en trois temps, trois dates … 198420072016 !! Puis trois personnages … PhilippeThomasLucas
1984, sa rencontre avec Thomas un amour de jeunesse, fort et inoubliable
Ils brûlent les « interdits » … les premiers ébats et émois homosexuels … le regard des autres … les secrets … « l’acceptation à sens unique »… une certaine fierté pour Philippe d’être gay … une manière d’être différent des autres … de la masse .
Pour Thomas Andrieu enfant de la campagne … vivant dans un petit hameau … beaucoup plus compliqué … farouche et déstabilisé par ses « pulsions » homosexuelles !!
Un amour juste avant le sida … avant « l’hécatombe » !!

Une écriture précise et vive … avec des mots crus mais empreints de tendresse … une écriture sans tabou !!
Un livre tout en douceur et en sincérité !

L’homosexualitél’accepter .. la vivre avec bonheur … la cacher … en souffrir … l’assumer … la refouler … mais très difficile, voir impossible de la nier …

Une belle histoire d’amour … un amour de jeunesse, un renoncement douloureux … vécu et qui « hante » toute une vie ou plutôt deux vies !! p 42 « Il ajoute cette phrase, pour moi inoubliable : parce que tu partiras et que nous resterons. »
Puis 2007 … rencontre avec Lucas … une ressemblance … un lien avec Thomas ?? Savoir enfin …

Un roman magique et tendre ...
Raconter enfin !! Une délivrance sans doute … pour l’auteur …

Un Beau moment de lecture … tendre et délicat …

« Philippe Besson est à un spéléologue de l’intime » Bernard Pivot

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p 18 « J’ai dix-sept ans.
Je ne sais pas que je n’aurais plus jamais dix-sept ans, je ne sais pas que la jeunesse , ça ne dure pas, que ça n’est qu‘un instant, que ça disparaît et quand on s’en rend compte il est trop tard, c’est fini, elle s’est volatilisée, on l’a perdue. »

p 28 « Plus tard, donc, j’affronte la violence que provoque cette différence supposée. J’entends les fameuses insultes, au moins les insinuations fielleuses. Je vois les gestes efféminés qu’on surjoue en ma présence, les poignets cassés, les yeux qui roulent, les fellations qu’on mime. Si
je me taie, c’est pour ne pas avoir à affronter cette violence. De la lâcheté ? Peut-être. Une manière de me protéger, forcément. Mais jamais je ne dévierai. Jamais je ne penserai : c’est mal, ou : j’aurais mieux fait d’être comme tout le monde, ou : je vais leur mentir afin qu’ils m’acceptent. Jamais. Je m’en tiens à ce que
suis. Dans le silence certes. Mais un silence têtu. Fier. »
« On prétend que je « préfère les garçons ». On constate que j’ai des gestes de fille parfois. Et puis je ne suis pas bon en sport, nul en gymnastique, incapable de lancer le poids, le javelot, pas intéressé par le foot, le volley. Et j’aime les livres, je lis
beaucoup, on me voit souvent sortant de la bibliothèque du lycée, un roman entre les mains. Et on ne me connaît aucune petite amie. Cela suffit pour bâtir une réputation. »

p 37 « J’écrirai souvent, des années après, sur l’impondérable, sur l’imprévisible qui détermine les événements.
J’écrirai également sur les rencontres qu changent la donne, sur les conjonctions inattendues qui modifient le cours d’une existence, les croisements involontaires qui font dévier les trajectoires. « 

p 40 « Il dit qu’il n’a jamais fait ça avant, jamais, qu’il ne sait même pas comment il a osé, comment il s’en est senti capable, comme c’est sorti de lui, il laisse entendre toutes les interrogations, toutes les hésitations, tous les dénis par lesquels il est passé, tous les obstacles qu’il a dû surmonter, toutes les objections qu’il
a contrées; le combat intérieur, intime, silencieux qu’il a mené pour en arriver là, il ajoute qu’il y est parvenu parce qu’il n’a pas eu le choix, parce qu’il devait le faire, parce que ça s’est imposé comme une nécessité, parce que c’était devenu trop épuisant de lutter. »

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p 42 « La question s’est imposée d’elle même : pourquoi moi ?
Les images se bousculent : les lunettes du myope, le pull jacquard informe, l’élève tête à claques, les trop bonnes notes, les gestes de fille.
La question se justifie.
Il dit : parce que tu n’es pas du tout comme les autres, parce qu’on ne voit que toi sans que tu t’en rendes compte.
Il ajoute cette phrase, pour moi inoubliable : parce que tu partiras et que nous resterons.« 

p 59 « Je découvre que l’absence a une consistance. Peut-être celle des eaux sombres d’un fleuve, on jurerait du pétrole, en tout cas un liquide gluant, qui salit, dans lequel on se débattrait, on se noierait. Ou alors une épaisseur, celle de la nuit un espace indéfini,
où l’on ne possède pas de repères, où l’on pourrait se cogner, où l’on cherche une lumière, simplement une lueur, quelque chose à quoi se raccrocher, quelque chose pour nous guider. Mais l’absence, c’est d’abord, évidemment,
le silence, ce silence enveloppant, qui appuie sur les épaules, dans lequel on sursaute dès que se fait entendre un bruit imprévu, non identifiable, ou la rumeur du dehors.

p 76 « Il dit qu’il veut me sucer, que ça ne peut pas attendre, on jurerait que ce besoin vient de surgir, qu’il n’a pas été élaboré plus tôt, qu’il ne s’est pas construit au long des jours sans moi, non, il éclate, là, il se manifeste, la seconde avant il n’existait pas.
Il me jette sur le lit, dégrafe mon jean, baisse mon caleçon, s’il le pouvait il le déchirerait, … je me laisse faire, mon sexe grossit dans sa bouche. … je le contemple, frappé par sa voracité, on dirait un enfant mort de faim à qui on vient de donner de la nourriture, et qui préfère
s’étouffer. J’ignore de quelles profondeurs vient cette nécessité d’un sexe d’homme, chez lui, je devine en revanche le refoulement, l’autocensure, qui ont précédé pareil empressement. »

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p 90 « Manière élégante de laisser entendre que le père n’a pas de mots affectueux, rassurants, pas de gestes tendres, qu’il demeure sur un quant_à-soi, que ce qu’il offre est un mélange de réserve et de fierté.
Je sais ce que c’est, d’être le fils d’un homme comme ça. Je me demande si la froideur des pères fait l’extrême sensibilité des fils. »

p 97 « Je me demande alors si « homme blessé » est un film prémonitoire ou si, au contraire, il montre les derniers feux de l’amour libre, sans contraintes, sans frayeur, sans morale. Juste avant l’Hécatombe. »

P 139 « Je sais aussi tout ce qu’on doit quitter de soi pour ressembler à tout le monde. »

p 158 « Mais surtout, nous ne retrouverons pas ce qui nous a poussés l’un vers l’autre, un jour. Cette urgence très pure. Ce moment unique. Il y a eu des circonstances, une conjonction de hasards, une somme de coïncidences, une simultanéité de désirs, quelque chose
dans l’air, quelque chose aussi qui tenait à l’époque, à l’endroit, et ça a formé un moment, et ça a provoqué la rencontre, mais tout s’est distendu, tout est reparti dans des directions différentes, tout a éclaté, à la manière d’un feu d’artifice dont les fusées explosent
au ciel nocturne dans tous les sens et dont les
éclats retombent en pluie, et meurent à mesure qu’ils chutent et disparaissent avant de pouvoir toucher le sol, pour que ça ne brûle personne, pour que ça ne blesse personne, et le moment est terminé, mort, il ne reviendra pas ; c’est cela qui nous est arrivé. « 

https://www.youtube.com/watch?v=p3PsleTb8y0

Édition Julliard

Genre : Roman autobiographie

Publié en 2017

couverture Nikki Smith/Arcangel images

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