Un polar à la « Roger Rabbit » … Des personnages « mi-humains » … « mi-cartoon »
Le tournage d’un épisode d’une série policière … et tout bascule …
Une histoire ou la réalité … la fiction … le cinéma se mélangent …
Une promenade étonnante … dans les rues Havraises ...
Des personnages atypiques et haut en couleurs !!
Le commandant George Faidherbe … fantasque mais néanmoins efficace et pertinent ... un brin naïf peut être avec la gent féminine !! ou alors subjugué par la belle réalisatrice !!
Séverine Feuillade réalisatrice … femme volontaire , autoritaire , déterminée … séductrice ... qui assume sa libido et sa féminité … Des scènes « presque » sensuelles …
Lalouette journaliste du « Havrais pressé » … toujours présent au « bon » moment … envieux et « gentiment malfaisant »
Trois électriciens … trois gaillards à la voix de Duffy Duck !! des triplés sans doute !!
et Albala ce voyant albinos … bien étrange qui gonfle tel un Diodon …
Des voyants, des mages … des histoires d’argent … Pourquoi vouloir éliminer Mr Aba Albala ?? En sait il trop ?? Et Faidherbe ??? Pourquoi est-il mêlé, malgré lui à ce « complot » ?
Une écriture très agréable … loufoque et imagée
Des clins d’œil à des séries TV … « Les mystères de l’Ouest » … »L’amour du risque » … « l’homme de l’Atlantide » …
Un VRAI polar .. une intrigue bien ficelée … et un dénouement digne des plus grands polars du cinéma … et de la littérature bien sûr …
Des vrais méchants … des balles qui sifflent … des règlements de compte … des meurtres … un réseau bien organisé …
Un rythme effréné et haletant ...
Un livre à dévorer !! Croustillant … et saupoudré de Folie « meringuée » enfin non … « maitrisée » …
p 34 « Il décide de s’assurer que Séverine Feuillade assortit ses mots de son geste délicat habituel quand elle s’énerve. C’est surtout ce qui lui plaît en elle, sans qu’il sache bien pourquoi. Il glisse
sa longue silhouette entre deux curieux, pivote légèrement pour faire levier, les deux autres s’écartent comme les coquilles d’une huitre sous l’effet du couteau. La jeune
femme est penchée en avant, en chemisier blanc. Par transparence, il laisse deviner un soupçon de soutien-gorge noir.
Étonnante légèreté d’habillement par ce temps frisquet, mais plutôt agréable à la vue. George Faidherbe sourit intérieurement en constatant que la main gauche de la jeune femme ne cesse
d’aller au-dessus de son oreille menue pour y remettre en place cette mèche à l’indiscipline imaginaire. »
p 45 « Ce flic semble un peu con à la jeune femme mais il lui a tapé dans l’œil. En plus, elle n’a jamais connu de rouquin, et elle trouve drôle et excitant qu’on lui tire dessus dans le scénario.
Tous ses amants de tournages – un par film, pas plus – ont eu droit à un caméo, une apparition furtive comme en faisait Hitchcock dans ses films. Elle a décidé qu’il serait le prochain accroché
à son tableau de chasse. Aucun ne lui résiste de toute façon. Il est parfois plus difficile de s’en débarrasser car après le tournage, elle congédie ces intermittents de l’amour et passe au film
suivant et donc à l’amant suivant. Son projet secret est de monter les apparitions de ses conquêtes afin de créer un film expérimental, dans l’esprit de la séquence des baisers coupés de
Cinéma Paradisio ou un Warhol ultramoderne à la manière de Kiss. Prix de festival indépendant assuré. »
p 49 « Je suis à Jésus ? » aurait demandé sa grand-mère en rouvrant les yeux en pareilles circonstances. Georges Faidherbe est athée, il les referme aussitôt. Le tangage du transport lui donne
l’impression d’un voyage vers l’île des morts. Le plus effrayant, c’est un visage apparu dans son éclair de conscience quand les sirènes hurlaient. Celui du docteur Pinson, un des deux légistes
qu’il fréquente par obligation professionnelle et avec lequel il a le moins d’affinités. Faidherbe est donc bien mort et en passe d’être autopsié, sans anesthésie. Être disséqué par Pinson et garder sa conscience, c’est vraiment l’horreur. »
p 58 « A l’étage, trois bonhommes virevoltent au milieu de l’ex-commisariat devenu en un temps record une pièce à usage polyvalent. Ils rangent le matériel de cinéma à toute vitesse, comme après un mauvais coup. …
Les trois manutentionnaires se retournent. Même taille, même corpulence râblée aux muscles rebondis sous les mêmes tee-shirts bariolés de couleurs. Même tête aussi; pas de menton, un gros nez, des grandes
oreilles décollées, des yeux légèrement bridés, un crâne d’obus rasé surmonté d’un mini-bonnet rouge. Des types étranges, aussi amusants qu’inquiétants, des triplés sûrement tant leur ressemblance est grande.
– Vous partez déjà ? demande le policier.
– On va tourner des extérieurs … dit l’un, d’une voix fluette, comme ayant subi un traitement à l’hélium. «
p 72 « – Du renfort ? Pour courser un mort-vivant. Je vais me faire charrier ?
– Tu n’as donc pas vu qu’il a doublé de taille et de volume, ton albinos. Regarde, il ne tenait plus dans l’armoire.
– Oh, putain ! Comme un diodon ! s’exclame Fésol.
– Qu’est-ce que c’est que ce truc ? demande l’interne.
– Un poisson épineux qui gonfle en cas de danger, explique le capitaine Fésol, pêcheur passionné. »
p 105 « A l’étage, il croise son médecin légiste préféré, le docteur Léonard Foutel.
– On m’a dit que vous étiez tombé entre les mains de Pinson.
L’autre légiste est le grand rival de Foutel, qui fait courir sur lui la rumeur que Pinson s’est rabattu sur la médecine parce qu’il avait échoué au CAP de charcutier. »
p 126 « Quand Georges Faidherbe lève les yeux, Séverine est complètement nue devant lui, intégralement épilée, un revolver à la main droite et une cravache dans la main gauche.
La belle est disciple de Sacher-Masoch. Le policier va passer un drôle de quart d’heure. Il n’a jamais pratiqué le sadomasochisme et ne s’est même jamais posé la question de savoir
s’il y prendrait goût. Trop tard, il n’a plus le temps de réfléchir.
– Qu’est-ce que ? … réussit-il à articuler.
– Viens, mon lézard, l’invite la jeune femme avec des yeux de braise. Ne te bile pas pour ça … »
p 177 « Place au jeu. Cette fois, c’est moi qui commence. Tu n’as pas de latex chez toi, je parie.
– Une combinaison de surf, ça ira ?
– Qu’il est con ! Enlève-moi cette chemise.
On y est. Elle s’est approchée de lui le filet à la main, se colle contre son corps, l’embrasse, se retire soudain puis l’enveloppe avec le filet. Il est bientôt saucissonné comme il faut et poussé sur le lit.
– J’ai l’impression d’être une rosette de Lyon sur l’étal du charcutier, arrive-t-il à articuler, oppressé par les liens.
– Ne t’inquiète pas, je gère, le rassure sa partenaire.
Elle est montée à califourchon sur lui et donne des témoignages de satisfaction.
– Eh bien, voilà ce qu’il te fallait, c’est beaucoup mieux aujourd’hui, dit-elle, appréciant sa mâle vigueur sous elle, qui se dresse à travers les mailles de la corde. »
Première rencontre avec les auteurs … le Quai des livres à Rouen en … septembre 2014
Édition : Cogito
Genre : Polar
Publié en 2016
Illustration couverture : La Plume Numérique
Interview Radio France Bleu ….
RENCONTRE avec l’auteur … Quelques questions pour tenter de découvrir qui se cache derrière le livre !!
Quel est votre premier écrit ? votre premier texte ?
Une nouvelle fantastique, gothique et horrifique (influence de Poe et Maupassant) quand j’étais en seconde. Une histoire de peintre qui réalise des portraits si vivants avec des couleurs extraordinaires et
surnaturelles… On comprendra qu’il arrachait le cœur de ses victimes-modèles pour en faire son fond de palette.
Votre plus beau souvenir de jeune lecteur ?
Sans aucun doute un Jules Verne, Voyage au centre de la Terre. Je n’en suis jamais vraiment remonté.
Le livre qui vous a « déstabilisé » ? et pourquoi ?
Mort à crédit de L.F. Céline. Non pas qu’il m’ait vraiment déstabilisé en tant qu’œuvre, je suis un admirateur de l’écriture de Céline (j’ai bien dit de l’écriture, pas trop du bonhomme) mais c’est le seul et unique roman
qui ait provoqué chez moi un véritable malaise à la lecture d’une scène atroce. J’ai failli tomber dans les vapes. Mais peut-être avais-je faim cependant.
Ecrire, vous donne l’illusion de quoi ?
D’avoir d’abord un certain contrôle sur le monde. Surtout, d’ouvrir une parenthèse dans la réalité qui abolit le temps (regarder sa montre après un temps d’écriture est toujours étonnant).
Quel est votre thématique, votre genre littéraire (polar, roman historique, …), ce qui vous inspire et pourquoi ?
Pour moi, à la différence de Christian sans doute, le polar n’est pas un genre favori en vérité (!) même si j’apprécie quelques auteurs classés dans le genre, ils sont souvent situés à ses marges mais
de toute façon tout roman relève à mon avis d’une forme d’enquête, qu’on l’appelle polar, roman policier ou pas. Un Modiano, c’est toujours une enquête par exemple. Sinon, ceux qui m’inspirent
sont depuis un certain temps l’Américain John Fante (sublime équilibre entre rire et larmes, invention d’un anti-héros extraordinaire) ou Jules Vallès (du réalisme péchu). Je puise aussi beaucoup mon « inspiration »
dans la musique dite « actuelle » (pop, rock, soul… la liste est longue).
Question bonus !
Quel est votre relation aux livres ? Pour vous un livre « heureux » est un livre corné, annoté, souligné, déformés, … ou pas ?
Un attachement assez moyen à l’objet, sauf s’il est rare ou dédicacé ou vraiment beau. Le texte, rien que le texte, peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse !
(par Vincent Lissonnet / Robert Vincent)
A ajouter dans mes influences : la lecture régulière de poèmes. Un bon vers (et un bon verre aussi) suffit parfois à donner de bonnes idées.
Merci Vincent d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions.
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