Un roman … une balade … des instants de vie … de bonheur … de souffrances … de tristesses … des moments volés … des instants présents que l’on savoure … installé dans sa bulle !
Dès les premières pages … une sensation … une plénitude … une envie de se laisser bercer par les mots … leurs sonorités … leurs musicalités … Une belle farandole …
Chaque chapitre, son souvenir … son « instant présent » … la « narration en fractionné »
Une écriture agréable et toute en poésie ...
Des personnages attachants … Léna, libraire à Volone sur la Côte d’Opale … gourmande et qui fond devant un millefeuille … une « amoureuse » des chaussures … mais des chaussures que l’on porte !!
Puis Léna et Philippe … Un amour doux, complice, « prisonnier » … peut être à sens unique … Une envie de transgresser les interdits mais …
et Jeanne … avec sa mémoire « faite d’oubli » … le puzzle de sa vie qui s’effrite …
Des jolis clins d’œil par ci par là … à des artistes … des musiciens … des écrivains … des poètes …
Peut être quelques petites longueurs entre le mariage de Philippe et la rencontre avec Mathieu !!! un moment où je n’ai pas réussit à m’isoler dans ma bulle !!
Un beau roman à croquer et à « mâchouiller » avec douceur … des morceaux de vie à savourer avec gourmandises …
p 30 « J’adore regarder les chaussures ! Mais pas celles que l’on voit dans les vitrines, non, celles que les gens portent aux pieds, dans la rue ! … Tu n’imagines pas ce que l’on peut apprendre des gens uniquement en regardant leurs
chaussures. Il y a les chaussures qui cachent, celles qui dévoilent ; les discrètes, les timides, les voyantes, les agressives, les provocatrices; les osées aux nu-pieds indécents et aux ongles colorés. Il y en a de toutes les formes, de toutes les tailles, de toutes les couleurs …
p 19 « Hansel et Gretel ne sont pas bien loin. Cette maison de pain d’épices, aux fenêtres sucrées, est un délice pour les yeux. … Je m’en éloigne donc souvent avec regrets, en me concentrant sur le maillot de bain
de cet été, de peur que ses pâquerettes ne se transforment en marguerites voire définitivement en tournesols. »
p 36 « La mer est toujours là, à la fois immuable et changeante.
Parfois elle est d’huile, parfois elle se met en mouvement, et ses vagues s’ourlent d’écume sous le souffle du vent. De silencieuse, elle se met à rugir ou à crier son désespoir à tous vents.
En variations de gris ou de bleus, du bleu opaline aux bleus sombres des jours d’hiver, elle se teinte aussi de couleurs argentées et de lueurs phosphorescentes baignée dans les reflets de la lune. A d’autres moments,
elle se pare d’une robe orange doublée de velours rouge aux couchers du soleil, parfois aussi elle semble se noyer dans le ciel et ils ne font plus alors qu’un seul et même élément.
Elle vous berce dans ses bras ou se fait menaçante jusqu’à engloutir les bateaux et emporter les marins. »

p 37 « Jeanne, ma tante, avait soixante et un ans quand la nouvelle est tombée comme un couperet, il y a plus de cinq ans maintenant. Il y a eut d’abord les paroles maladroites et les mots oubliés, ces mots simples qui se
cherchent mais qui s’échappent pourtant. Et, peu à peu, ce furent les vêtements retrouvés dans le réfrigérateur ou les chaussures dans le placard de la cuisine. A l’annonce du diagnostic, elle est resté sans voix. Ses lèvres et ses mains se sont mises à
trembler, son regard s’est embué, mais elle est restée incroyablement digne.
C’est comme si on l’avait tout à coup amputée d’une partie d’elle-même. Combien de temps encore avant de sombrer dans les profondeurs de l’oubli ? Urgence à retenir les instants qui bientôt, inexorablement, n’existeraient plus, même dans les recoins les plus secrets de
sa mémoire. Les tiroirs se videraient les uns après les autres, avec leur contenu triste ou gai.«
p 41 « Revenons donc aux doux sons de … « coquelicots« . C’est rond comme un bonbon, rouge comme un sirop, doux comme une caresse. Ce mot sent bon le printemps, il a aussi un goût d’été. La bouche forme un bel arrondi pour le prononcer, comme un baiser. »
p 67 « Il y a des moments de bonheur faits de rien ; un regard, un sourire, un silence ou une conversation ordinaire, un souffle d’air dans les cheveux, une sensation diffuse de bien-être, un cœur tout gonflé d’on ne sait quoi, une joie indescriptible qui nous habite soudain.
Un pas grand-chose, un tout petit moment de rien mais l’on voudrait pourtant qu’il nous hante pour l’éternité. Et l’on se dit alors que, s’il n(y avait qu’un seul instant dont on aimerait se souvenir avant de rendre le dernier soupir, ce serait certainement, parmi tous, celui-là.
Fixer cette image sur une pellicule et la laisser défiler, inlassablement, avant de fermer les yeux.«
p 71 « Il m’habite étrangement, maladivement, obsessionnellement.
Cet amour est écrit à l’encre sympathique pourtant ce que mon esprit tente de contrôler, mon corps lui n’y parvient pas. Il éveille en moi des émotions dont je ne soupçonnais pas même l’existence.
Je ne connais pas la chaleur de ses mains, ni le goût de ses lèvres, ni l’ivresse de ses bras.
Il ne me touche pas, pourtant je sens ses mains sur ma peau.
Il ne me touche pas, pourtant je sens son souffle me parcourir.
Il ne me touche pas, pourtant je sens sa chaleur quand il est à côté de moi.
C’est un amour à distance, un corps à corps platonique. C’est une trilogie du corps, du cœur et de la raison.
Ma raison, qui se délite parfois, me rattrape pourtant toujours … et grâce à elle mon corps recouvre un peu de ses esprits. »
p 130 « Jeanne porte en elle les stigmates de la maladie. Elle est déjà si loin. Des expressions fugitives naissent et meurent sur son visage qui, d’une minute à l’autre, semble passer du rire aux larmes, comme le font parfois les nouveaux-nés.
Cette maladresse qui l’envahit et la vide d’elle-même, elle qui organisait des repas de fêtes inoubliables, ces repas qui sont maintenant aux portes de l’oubli. … Son regard, jusqu’alors si plein d’elle, a changé. Il est devenu incertain.
Comme le ferait un oiseau, il se met à voler de-ci de-là, s’égare, se pose parfois et reprend son envol, insaisissable.«
p 201 « Je suis à la terrasse d’un café avec Mathieu. Je porte une robe à fleurs aux couleurs de l’été, elle flotte au vent. Je regarde les gens passer. Tous ces destins qui se croisent, comme ça, sans un regard. Toutes ces histoires
qui n’existeront pas, tous ces rendez-vous manqués ! La vie est-elle donc ainsi faite ? Être condamnés à se croiser sans se rencontrer jamais ? Sans que personne ne vous percute ni n’entre en résonance avec votre cœur ? Avec mon cœur ?«
Première rencontre avec l’auteur … au salon du livre d’Igoville en janvier 2017
Édition : Assyelle
Genre : Roman
Publié en 2014
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