Laure, Flaubert et Moi … Maupassant de Cécile Delile

Après « Pierre et Jean » de Maupassant, « Madame Bovary » de Gustave Flaubert … Quel plaisir de plonger dans le roman de Cécile Delile
Un beau roman ponctué de citations, d’extrait de lettres et de livres …

Une belle balade en Normandie, CanteleuEtretatFécampCroisset … On découvre l’amour de Maupassant pour la SEine, la mer
… son bonheur à naviguer sur son bateau « Le Bel Ami« 

Sa vie, ses conquêtes amoureuses … ses œuvres … sa maladie …

Sa mère Laure … son frère Hervé … son attachement et son amour pour Flaubert qu’il considérait comme son maitre, un lien très fort les unissait et peut être plus … p 11 « Sa petite fille Laure Le Poittevin, épouse de Gustave de Maupassant, venait ce 5 août 1850, par une étouffante journée d’été, de mettre au monde
le petit de Flaubert. »
L’amour de Laure pour Flaubert … leur passion secrète … son admiration pour ses écritures !!

Ses rencontres … ses amitiés avec Zola, Nadar … un petit clin d’œil sur les impressionnistes !! p 58 « – Il faut les soutenir et les encourager, ces toiles sont une petite révolution, elles reproduisent ce que votre œil perçoit et votre esprit devine. Ces couleurs, ces lumières, quelle liberté, j’en frémis de plaisir. Saisir sur la toile
un souffle de vie n’est pas donné à tout le monde. Comment voulez-vous qu’un jury poussiéreux les apprécie ? C’est donner de la confiture a des cochons. Ils ne se sont jamais roulés dans la boue les pauvres et n’ont jamais mis les pieds en dehors de leurs ateliers. »
Ses désaccords et sa rivalité avec Goncourt !

Et puis Joséphine la mère de ses enfants …

L’écriture est belle et agréable

Un magnifique roman qui nous fait découvrir ou redécouvrir avec plaisir Maupassant et Flaubert !!! Un Très Beau moment de lecture !!

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Le Bel Ami ….

p 9 « Quand la petite tête gluante poussa un cri rauque et glissa comme une savonnette le long de ses cuisses, laissant apparaître de larges épaules et un torse déjà puissant, elle
redressa son buste pour mieux profiter du spectacle, balaya d’un coup sec la mèche humide qui lui brouillait les yeux et offrit enfin à son visage un grand sourire vainqueur.
Aucun cri, aucune larme n’étaient sortis de ce corps dont la main vigoureuse attrapait le petit être qui montrait soudain sa force en repoussant du poing le gros drap blanc. »

p 10 « Dans ce portrait, les deux êtres les plus chers à sa vie étaient réunis. En soulevant l’enfant comme un trophée, elle jubilait. Son visage prit un air de sorcière maléfique,
marmonnant à la minuscule oreille des paroles et d’une fierté excessifs. Elle tenait enfin dans ses mains des cartes pouvant changer son destin et lui faire oublier toute la honte d’un mariage
raté. Une larme de délivrance, juste une seule, déchira son visage anguleux de statue, mais elle la chassa très vite pour mieux admirer son chef-d’œuvre. »

p 17 « Ouvrant son grand manteau indigo, la mer se décrochant du ciel le calmait de ses peurs et remplissait son corps d’une jouissance infinie. »… « Petite fée-lumière, la nuit, elle brillait dans ses yeux et le faisait rêver, petit galet le jour,
bien caché dans sa poche, il la sentait rouler. »

p 33 « L’intérieur sobre, les murs sans bibelot et les quelques souvenirs de voyage au sol recouverts de poussière n’étaient pas très encourageants, mais Guy s’était fait à ce modeste pavillon perché sur la
colline de Canteleu entre deux allées de tilleuls. Partout où l’eau l’entourait, qu’il soit à Etretat chez sa mère, à Fécamp chez sa grand-mère ou ici à Croisset avec Flaubert, il se sentait toujours porté par sa douce présence discrète et apaisante. »

p 58 Les impressionnistes « – Il faut les soutenir et les encourager, ces toiles sont une petite révolution, elles reproduisent ce que votre œil perçoit et votre esprit devine. Ces couleurs, ces lumières, quelle liberté, j’en frémis de plaisir. Saisir sur la toile
un souffle de vie n’est pas donné à tout le monde. Comment voulez-vous qu’un jury poussiéreux les apprécie ? C’est donner de la confiture a des cochons. Ils ne se sont jamais roulés dans la boue les pauvres et n’ont jamais mis les pieds en dehors de leurs ateliers. »

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Retour dans le passé ….

p 74 « Mon cher Gustave (Flaubert)
Tu te demandes sans doute comment une femme vivant seule occupe ses journées ? Comment elle arrive encore devant cette étendue d’eau au charme mélancolique à trépigner d’impatience et de plaisir sous sa robe ? Eh bien, je lis tes livres, les relis, les respire
en caressant leur couverture jaune qui me réchauffe le cœur et les mains. C’est vrai que la solitude m’accable mais il me suffit de te débusquer entre tes lignes pour me sentir de nouveau exister. J’ai bien reçu tes trois contes, que je dévores, tu t’en doutes, face à la mer.« 

p 84 «  »Les œuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière; plus l’expression se rapproche de la pensée, plus le mot colle dessus et disparaît, plus c’est beau. »

p 91 « Aimer en silence la délivrait de pleurer en public. Alors, elle souriait par moments, continuant de marcher, de se taire et d’aimer. Malicieusement, elle attrapa la perle nacrée et l’enfouit
sous sa langue en fermant les yeux. Le souffle chaud de son amant envahit aussitôt son palais et elle croisa les jambes pour capturer la plainte d’un désir encore vivant. »

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p 110 « La remarque de Guy la piqua comme une écharde au bout du doigt, « Pierre et Jean » était le travail le plus abouti qu’il avait écrit, sans savoir qu’il rédigeait une page de sa vie où l’encre transpirait ce doute enfoui depuis l’enfance. »

p 115 « Le « Horla » n’a pas démérité et moi non plus, pour mon premier vol en ballon. J’ai vu Paris s’éloigner comme une araignée suspendue au-dessus de sa toile, j’ai vu s’effacer avec bonheur cette maudite tour en construction
qui gâche le ciel comme un affreux bouton sur le nez, j’ai vu la Seine comme un gros serpent roulé, couché immobile dont on n’aperçoit ni la tête ni la queue. J’ai flairé un air si léger, si doux, si savoureux que jamais de ma vie je n’avais respiré avec autant de bonheur. »

p 131 « La joue contre le bois, il souffle et se détend avant d’entrer puis ouvre la porte sans frapper. Une tête minuscule perdue sur son oreiller l’attend et lui sourit. C’est le troisième fois qu’il voit son ventre arrondi, mais cette fois-ci, il ne s’est pas enfui. Les deux
premières fois, « l’idée d’un petit être né de lui, larve humaine agitée dans ce corps souillé par elle et enlaidi déjà, lui inspirait une répulsion presque invincible« . Mais ce matin, il lui parle, lui caresse la joue, regarde les deux petits accroupis sur le tapis
et se surprend tout étonné d’être attendri. »

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p 153 « Mon cher maitre,
« Certains chiens qui hurlent expriment très bien mon état. C’est une plainte lamentable qui ne s’adresse à rien, qui ne va nulle part, qui ne dit rien et qui jette dans les nuits le cri d’angoisse enchainé que je voudrais pouvoir pousser …
Si je pouvais gémir comme eux, je m’en irais quelques fois, souvent, dans une grande plaine ou au fond d’un bois et je hurlerais ainsi, durant des heures entières, dans les ténèbres.
Guy. »
p 150 Nadar « – Bonjour Monsieur de Maupassant, ravi de vous rencontrer. Il y a des hommes que la photo fait renaître à la vie, des hommes que la photo ennuie et d’autres qui vous font découvrir des beautés nouvelles, dit-il en se tournant vers Laure.
Quel homme êtes-vous ? Nous allons bientôt le savoir car la photographie ne ment jamais.« 

p 191 « -Allons Messieurs, rendez-vous dans cent ans, nous verrons bien de l’écrivain ou du syphilitique celui qui restera.« 

Première rencontre avec l’auteur au salon du livre de Sotteville Les Rouen … en septembre 2016

Éditions du Petit Pavé

Genre : Roman

Publié en 2013

Illustration de couverture : Clothilde Boutrolle

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