Des chauves-souris, des singes et des hommes … Paule Constant

Un conte satirique … empreint de fatalisme
Un village … une chauve-souris … une petite fille … Un grand singe … de jeunes garçons … une malédiction ?? de la sorcellerie ?? une épidémie ???

Un voyage au cœur de l’Afrique … au bord du fleuve Ebola … au sein de la tribu des Boutouls et des humanitaires … des religieuses …
un médecin … un sociologue … un interprète … pensant sauver des vies … dans ce décor de désolation

Des vies … des destins qui se croisent … Olympe, Agrippine, Virgile, Docteur Désir, sœur cimetière… Thomas … une errance pour tous …
une détermination qui s’effrite au cours du temps …
Des morts … une épidémie ? des phénomènes inexpliqués ? une campagne de vaccination … des manques de médicaments … de matériels …

l’auteure nous laisse réfléchir sur le bienfait de la présence occidentale en Afrique !!

Une belle écriture entre poésie et cynisme !!

Un conte ou pourquoi pas un thriller !! Avec une question … Quelle est la cause de tous ces morts ???

p 25 « Elles aiment à la même heure du jour se lever, nourrir les enfants, aller puiser l’eau, parler, parler pour écraser l’inconnu comme elles broient les graines avec leurs pilons, …
Elles permettent aux serpents de venir téter les vaches, aux vampires de saigner les troupeaux, aux caïmans de garder dans leur ventre le corps d’un enfant qui blanchit quand on le ramène à la vie.
Elles acceptent que des poissons violent les filles qui restent trop longtemps à laver leur linge sur le bord de la rivière, pour leur faire un enfant de lune aux yeux rouges, aux cheveux blancs. Mais
elles refusent qu’un étranger les pique avec une aiguille de fer pour leur inoculer une sorcellerie dont elles ne connaissent rien et dont elles n’ont pas l’antidote. »

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p 22 « Les gens qui ne voyagent pas racontent et inventent pour explorer un univers qu’ils ne connaissent pas. Ils lui donnent un commencement,
une fin et entre les deux tissent, chacun à sa façon, la toile du conte collectif. »

p 55 « Il y a toujours des césariennes le soir, expliqua la Sœur tourière. On a attendu toute la journée et on ne veut pas y passer la nuit. Vous savez ce qu’on dit, la nuit ne doit pas tomber deux fois
sur une femme qui accouche. »

p 56 « Les grands malades étaient envoyés à l’hôpital de brousse tenu avant la décolonisation par des médecins militaires et après, dans les hôpitaux de la capitale. Le
malade était convoyé dans des pirogues aux noms crépusculaires, Volonté de Dieu, Dieu est grand, Dieu sauve l’Afrique. Ceux qui le voyaient partir couché n’avaient pas grand espoir
de le voir revenir debout. »

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p 70 « … dans les années cinquante, la pensée coloniale abandonnait le paternalisme. Elle se voulait moderne et imaginait une politique de développement qui s’appuyait,
nouvelle méthode de coercition, sur la vaccination de masse. Contre l’indigène, on ne brandissait plus la pétoire mais la seringue. On lui promettait la santé et on le rendait malade.
L’empire était en pleine mégalomanie, la puissance médicale naissante confortait le politique … « 

p 89 « A la Mission, seules les Sœurs étaient enterrées, les nombreux défunts étaient emportés par leurs familles qui leur dispensaient des rites funéraires dans leurs villages.
Néanmoins le cimetière restait instructif. Aucune religieuse n’avait fait de vieux os. …
– Preuve, avança Agrippine, que les soignantes mourraient dans la même proportion que les soignés.
… – Le réservoir de virus, précisa Agrippine à l’intention de Virgile, se trouve chez les grands singes de la forêt. Les épidémies chez les singes précèdent généralement les épidémies humaines. »

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p 111 « Et pendant que les petites Sœurs procéderaient à la vaccination, Agrippine consulterait avec l’aide de Thomas. Elle verrait des malades si anciens qu’ils seraient
devenus la maladie, toute la maladie comme incrustée dans un corps dont elle s’était emparée et qu’elle ne lâcherait plus, moins pour en venir à bout et le tuer que pour
rester accrochée sur l’individu qui la transmettrait. Il n’y a rien que les maladies aiment tant que d’être transportées d’hôpital en hôpital mais quand elles n’en ont pas
l’occasion, de village en village. Elles ne sont pas contre les balades en forêt et les croisières en pirogue. Les maladies souffrent de solitude, un malade n’est pas assez.
Elles adorent les rêves-parties. »

p 119 « Bien sûr, partout où elle était allée, elle avait croisé des enfants merveilleux, seuls, malades, abandonnés ou simplement offerts par leur mère, les bras tendus.
Bien sûr, elle avait été tentée de les emporter, de les sauver, de les cacher. Et chaque fois, se raisonnant, au nom de quoi ? de la loi ? de ce qui se fait ou ne se fait pas, aussi ridicule et révoltant que les principes d’un guide de bonnes manières à l’usage des humanitaires,
elle les avait laissés dans l’entassement d’un orphelinat, seuls sur le trottoir, dans les bras d’une mère qui n’en pouvait plus, et dans le meilleur des cas au bord de la mort sur un lit d’hôpital dont le drap
leur servirait de linceul. »

http://www.franceinfo.fr/emission/le-livre-du-jour/2015-2016/le-livre-du-jour-2015-2016-du-09-05-2016-09-05-2016-06-57

Édition : Gallimard

Genre : Roman, Conte, Thriller

Publié en 2016

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