Pas adepte de biographie et encore moins d’autobiographie … j’ai néanmoins été … intriguée et fascinée par … Boris Cyrulnik … lors d’une émission télévisée ou
il parlait de son livre et de son expérience en psychiatrie …
Malgré un début de livre … un peu abstrait … centré sur ses rencontres … ses homologues … éthologue, psychiatre, psychanalyste, neurobiologiste, neuropsychiatre, …
avec un nombre impressionnant de noms de spécialistes …Lacan, Freud, Tinbergen, Edouard Zarifian, spitz, Huguenard, Lorenz,….
Xavier Emmanuelli, …
au fur à mesure des pages … on découvre « des choses fascinantes et hallucinantes »
les débuts de l’anesthésie … la découverte des psychotropes … la fin de la criminelle lobotomie … les débuts de l’accouchement sans douleur …
la prise en charge de la douleur … et un sujet qui tient particulièrement à cœur à Boris Cyrulnik … la résilience !!
« Au premier Congrès mondial sur la résilience, à Paris en juin 2012, on a vu apparaitre un accord sur la définition. Nous
connaissons enfin l’objet de nos réflexions : il s’agit de se remettre à vivre après un trauma psychique. »
Un bond énorme en psychiatrie ces 50 dernières années !! « La morale de cette histoire, car c’est ainsi qu’il faut conclure, m’a invité à extraire de cinquante années de pratique une leçon tirée de mes rencontres avec cet objet étrange
que l’on appelle « psychiatrie ». »
Une « étude » … une observation sur le comportement humain … sur la compréhension ou l’incompréhension de la folie …
« Rien n’est plus expliqué que la folie, ce qui prouve qu’on n’y comprend rien. »
Les idées culturelles … ou il est difficile de changer les choses … et de donner de nouvelles explications … « Les idées qui triomphent dans une culture ne sont pas forcément les meilleures,
ce sont celles qui on été les mieux défendues par un appareil didactique. Tout innovateur
est un transgresseur puisqu’il met dans la culture une pensée qui n’y était pas avant lui. Il est donc admiré par ceux qui aiment les idées nouvelles, et détesté par ceux qui
se plaisent à réciter les idées admises. «
Un livre de découverte … et de questionnement … à découvrir !!
C’est trop facile de penser que seuls les monstres peuvent commettre des actes monstrueux. Je me disais qu’après tout le Diable avait été un ange et que Dieu
avait permis Auschwitz.
[…]
J’ai pensé que le Diable était un ange devenu fou, et qu’il fallait le soigner pour ramener la paix. Cette idée enfantine m’a engagé dans un voyage de
cinquante ans, passionnant, logique et insensé à la fois. Ce livre en est le journal de bord.
p 87 Alexandre Minkowski « Les principaux adversaires de ce projet furent les universitaires qui récitaient le dogme du darwinisme social : »il ne faut pas s’occuper des prématurés, de façon à ce que la nature sélectionne les plus forts et élimine
ceux dont la vie aurait été sans valeur. » Le nazisme avait perdu la guerre des armes, mais pas le combat des idées. »
p 116 « Le cerveau des lobotomisés ne peut que percevoir une information présente, mais il ne peut plus aller chercher dans le passé l’origine de la trace. Ni futur ni passé, le cerveau ne sait plus conjuguer ! La structure
même des phrases devient contextuelle : pas de virgules pour scander le temps, pas de digression pour échapper à la linéarité qui enchaine les idées, pas d’association pour rassembler
les souvenirs éparpillés et en faire une représentation cohérente. Quelques réponses au présent, deux ou trois mots, pas plus : le cerveau ne sait plus faire de la grammaire ! »
p 133 « Dans les années 1950, il y eut une campagne sanitaire en faveur du brossage de dents. Vous n’allez pas me croire quand je vous dirai que plusieurs associations se sont créées pour s’y opposer. …La nouveauté provoque l’indignation quand on n’en comprend pas l’utilité. »

p 150 » La folie déclenche la peur qu’on éprouve devant une force occulte qu’on ne comprend pas et qui nous possède . « Et si c’était contagieux ? Et si ça m’arrivait ? » Quand
les médicaments dits « psychotropes » ont été trouvés, ils ont diminué la souffrance des patients qui s’est exprimée moins violemment. En quelques mois, les fous nous ont fait moins peur et les soignants en ont profité pour tenter
de les comprendre au lieu de les isoler. »
p 252 « »Comment est-il possible que certains enfants s’en sortent et deviennent des adultes épanouis, alors qu’en toute logique ils auraient dû être définitivement fracassés ? » …
Emmy Werner baptisa ce processus « résilience« . A la métaphore d’une barre de fer qui tient le coup, je préfère l’image agricole qui dit qu’un sol est résilient quand, dévasté par un incendie ou une inondation, toute vie a disparu jusqu’au moment où l’on voit resurgir une autre flore, une autre faune. »
p 322 « Mai 68 a donné naissance à la psychiatrie qui, elle aussi, a connu ses trente glorieuses : l’ouverture des hôpitaux, l’apparition des médicaments, l’essor de la psychanalyse et la découverte de l’importance des causes sociales pour expliquer, soulager et parfois guérir les souffrances psychiques.
Trente années de progrès, de découvertes, de rencontres, de lectures, de voyages, d’amitié et de conflits inévitables : quelle belle aventure ! »
« Ce long chemin m a conduit à tenter d’expliquer, de soulager et parfois de guérir les souffrances psychiques. Il m’a donné le plaisir de comprendre et le bonheur de
soigner les âmes blessées. »
Genre : Autobiographie
Édition : Odile Jacob
Publié 2014
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