La révolution Française … au cœur de La campagne Normande, du Pays Cauchois plus précisément … et nous voilà emporter dans un voyage dans le temps … au milieu des paysans … des nobles et de la petite bourgeoisie …
Un beau roman de « cape et d’épée » … d’honneur … de servitude … d’injustice … de domination seigneuriale … de dépendance féodale … de misère …
La destinée … la vie de Gabriel d’Esneval … avec ses souffrances … ses désillusions … sa rage … et peut être sa vengeance !!
et ce cavalier masqué « le perce cœur » !!! mais qui est-il ?? Ce héros idolâtré par le peuple !!
Et enfin cette écriture MAGNIFIQUE, pleine de poésie … où l’on se laisse embarquer avec plaisir !!
Un petit passage enchanteur « typiquement » Cauchois !! p 27 « –Bon diou, Gaspârd ! … Qu’est-ce que tu fais ? Mais dépêch’ty donc et clenche vite che’porte ! … Ch’tis famelotte est bia coum u linge, on ch’doit l’entendre claqueter des dents du village ! …
Et mets-nous donc a ‘tieu lumière dans ch’maison, on y veille goutte … pesta la sage-femme toute décrépite, qui ne s’était pas rendu compte que l’abbé Terbrèque se tenait derrière
elle. »
Un clin d’œil à Rousseau / Voltaire … p 161 « – Vous ne trouvez pas, cousin, qu’il serait plus judicieux de savoir employer les hommes tels qu’ils sont ou encore
tels qu’on aurait besoin qu’ils soient ?
– Ce que je sais, c’est que l’homme est bon naturellement, et c’est notre société, qui est si mal faite, qui les rend mauvais. Mais tout ceci est masqué par les passions. »
Pas vraiment adepte des livres de « cape et d’épée » … mais je me suis laissée « séduire » par l’auteur lors d’un salon du livre … et aucun regret !! J’ai adoré ce beau voyage …
Une épopée à découvrir …
Roman classé 3 ème au Prix FONDCOMBE 2014
p 11 » Il restait encore des pans de ciel bleu en cette chaude fin d’après midi, que l’on pouvait voir paraitre de l’étroite ruelle entre les rebords de toit. En ce début du mois d’octobre 1793, le soleil
qui avait brillé toute la journée dans un espace pur et limpide était déjà bas. Habituellement, à cette heure, on entendait carillonner le son lugubre du bourdon logé dans le beffroi de l’église avec ses quatre
cloches pour annoncer la fin de la journée. Mais, aujourd’hui, il en était autrement. La République avait réquisitionné le métal. Un acte de patriotisme. Un devoir civique. Comme si les canons de la République ne pouvaient
être fondus dans une autre matière que celle des vestiges du culte catholique. La révolution était le processus de libération du peuple de son joug et du fanatisme religieux.«
p 15 » Repensait-il aux caresses du soleil sur son visage, à ses pupilles dilatées de vouloir regarder par-delà l’horizon, à toutes les senteurs enivrantes
qu’il humait à pleins poumons, aux splendeurs verdoyantes qui l’entouraient, au vent qui l’avait enlacé, à ce qu’il éprouvait à chaque chose nouvelle qu’il
découvrait et qui l’étonnait ? … «
p 23 « Dans cette ferme du chemin des Quatre-Chênes-Percés, comme dans les autres fermes du hameau de Clochecamp, on voyait une misère extrême. La plupart
des habitants couchaient sur la paille. Ils portaient des habits presque en lambeaux, ou n’étaient vêtus, hiver comme été, que de toile pourrie et déchirée, et étaient chaussés de sabots
dans lesquels ils avaient les pieds nus. Dans leurs haillons dépenaillés, ils étaient, pour la plupart, couverts de vermines, de croûtes, de plaies et de crasse avec la tête flétrie et la face vinaigrée. »
p 100 « La lumière et la chaleur des flammes de la cheminée se réfléchissaient sur la magnifique cruche en cristal bleuté ainsi que sur le verre à pied posés sur la grande table
de chêne, devant lesquels dans un large fauteuil se tenait prostré le comte d’Esneval. Du revers de sa main, il essuyait une larme qui roulait sur sa joue, tandis que dans celle qui pendait dans le vide, le bras en appui sur l’accoudoir du fauteuil, il tenait la lettre qui avait attristé et flétri son âme. »
p 153 « Gabriel, physiquement, psychologiquement, paraissait indestructible. Il se sentait prêt. Nourri du sel des souvenirs, de la brûlure des émotions, de l’amertume des injustices. Étincelant, Gabriel allait entreprendre son infatigable quête. Pas une quête
qui n’apporterait pas de réponses, mais uniquement des questions ! … Non ! … Le dessein de Gabriel, qui venait d’avoir vingt ans, était d’obtenir justice ou d’assouvir sa vengeance.«
p 165 « L’heure de l’angélus du soir approchait, lorsqu’ils aperçurent notre homme dont la silhouette sombre leur parut refléter la couleur du ciel. Il se tenait droit sur son cheval, une cape noire jetée sur ses épaules qui ne dissimulait pas
la crosse d’un pistolet, ni l’épée dont la lame brillait. Un masque rouge cachait son regard, qui en faisait découvrir un autre à vous glacer les os et à vous pétrifier sur place.
Un regard d’outre-tombe, un regard venu tout droit des entrailles des enfers, qui vous pénètre tel l’éclat d’un poignard.«
p 177 « Le soleil, en ce jour de printemps, n’était pas enflammé. Il se cachait dans un enfoncement de vapeurs laineuses. Une lumière blanche tombait du ciel pâle. Après un long hiver rigoureux, la campagne s’éveillait avec ses tièdes
douceurs. L’air était parfumé de chlorophylle s’élevant de la mer de verdure qui tapissait la terre. Les arbres, gorgés de sève bouillonnante, reverdissaient. Nul souffle de vent n’agitait
leurs branches. Sur le chemin étroit et caillouteux, devant quelques masures en torchis au toit de chaume verdi de mousse, de granges délabrées, et de cahutes mal entretenues, trainaient des mioches vêtus de guenilles crasseuses, avec des
yeux qui semblaient sortir de leurs orbites. »
p 183 « Comme une ombre et avec la promptitude de l’éclair, l’homme masqué engagea sa lame avec un bond et une fente franche, avant de pousser une flanconade qui déséquilibra
son premier adversaire en le prenant à contrepied. … L’homme masqué suivit du regard son adversaire qui s’écroula en glissant contre le mur, ensuite, il fit face à l’autre.
De la pointe de son épée,il décrivit de petits cercles rapides étincelants, puis soudain, il jaillit, la lame haute. Le survivant para dans un premier temps, mais sans riposter. Ensuite, tout se passa très vite, l,homme se mit à rompre, avant
de porter une attaque au ventre. Aussitôt, l’homme au masque s’écarta en parant violemment vers l’extérieur. L’opposant trébucha, et à peine son corps avait-il touché terre que le fil de l’épée l’avait pénétré en plein cœur. »
Première rencontre avec l’auteur … au salon du livre d’EU … Mai 2015
Édition : Esneval
Genre : Roman
Publié en 2014
RENCONTRE avec l’auteur … Quelques questions pour tenter de découvrir qui se cache derrière le livre !!
Interview à découvrir dans la chronique « Ange Galli, le dernier requiem pour les morts » du même auteur.
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