Le Pont transbordeur … Georges Meunier

Un Très beau roman … profond … d’une grande sensibilité … fait de tendresse, d’amour, de nostalgie, de révolte, d’incompréhension, … un subtil mélange de sentiments …

L’auteur nous transporte dans cette période tourmentée 1930-1950 avec une telle aisance … de belles descriptions … de belles sensations … de douces émotions
Une immersion saisissante dans Rouen … sous l’occupation, bombardé, détruit, dévasté et … sous l’après guerre … en pleine reconstruction !! Tous ces « chamboulements » vécus à travers les yeux
de ce couple profondément amoureux Pauline et Roland … de cette famille … entre milieu bourgeois et milieu ouvrier …
Une belle histoire d’amour … Des personnages attachants et vrais … Pauline m’a tout particulièrement touchée et puis quel joli surnom « Nuage » (p : 39) !!
Une écriture agréable et fluide … teintée de poésie !!!
J’ai vraiment adoré ce beau roman … à découvrir absolument !!

p 224 « Je lui ai dit aussi ceci : ce que chacun de nous a été compte moins, pour nous reconnaître, que ce que chacun est devenu. Où serons nous demain ? Nous changeons chaque jour. Comment, moi qui serai une autre, pourrais-je aimer l’homme nouveau
que tu seras devenu, si nous n’avons choisi de suivre le même chemin ? »

p 298 « Le passé ne disparaît pas. C’est nous qui nous en éloignons, jusqu’à ne plus pouvoir l’apercevoir, comme on perd insensiblement de vue une côte lointaine. »

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p 7 « Il y avait des années que je n’étais pas revenu à Rouen. Je viens d’y passer tout juste vingt-quatre heures, et j’en repars déjà. Je ressens un vide en moi. Est-ce la déception de n’avoir pu prolonger mon voyage, de
n’avoir pas revisité les lieux que je fréquentais jadis ? De la ville, je n’ai vu que ses stations de métro : hier, en me rendant de la gare à Petit-Quevilly; … »

p 25 « Des décennies se sont écoulées depuis la disparition du pont transbordeur. Peu de témoins demeurent, et pour combien d’années ? Nous n’aurons plus, demain, que le souvenir de leur regard,
qu’ils tentèrent de nous transmettre et que déforment peu à peu le temps et les perceptions nouvelles. Il ne restera alors de cet ouvrage, de ce monument, que sa représentation par
des photos, par des peintures; que la description, par des livres, d’un immense Meccano d’acier, un portique frêle fait de longerons, de traverses croisées et de câbles : deux pylônes
doubles de plus de soixante mètres de hauteur que réunissait, au-dessus de la Seine, presque à leur sommet, une travée horizontale de cent cinquante mètres. Sur son chemin de fer allait et venait
inlassablement le chariot sous lequel, suspendue par des filins, cinquante mètres plus bas, une nacelle faisait voyager d’une rive à l’autre quinze tonnes de véhicules, de marchandises et de passagers de première et de deuxième classes. »

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 p 39 « Plusieurs semaines s’écoulèrent sans que Roland ne revit « Nuage« , ainsi qu’il avait baptisé la fugitive jeune femme du pont transbordeur. …. le soir, malgré la fatigue et l’heure tardive, il était resté éveillé, cherchant à reconstituer l’image de l’inconnue
comme on tente de deviner les touches effacées d’un pastel. Il s’était souvenu de sa main fine et blanche serrée sur l’acier nickelé du guidon, de la naissance de ses cheveux clairs remontés en chignon depuis la dentelle du col de son corsage, du rose
de ses joues. Surtout, il s’était souvenu de ses yeux, si bleus, si verts, devant lesquels un voile était passé quand il avait feint de la sermonner. Un nuage … »

p 68 « – Les écrivains ? Parlons-en ! A part quelques-uns, ils font partie du même monde … Celui des grandes familles, ou de leurs courtisans. Jadis, dans les familles aristocratiques, l’aîné recevait le titre. Les cadets étaient militaire et ecclésiastique. Aujourd’hui,
les bourgeois ont pris la place des nobles, mais c’est toujours pareil, sauf que, côté bonne conscience, l’homme de robe a cédé la place à l’homme de lettres. Mieux : ils laissent même celui-ci libre, jusqu’à un certain point, d’agiter des idées
progressistes, voire subversives ! Et de dire : « Vous voyez que ces gens ont aussi une conscience sociale ! » »

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p 101 « Le 2 septembre 1939, au lendemain de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, les murs de Rouen se couvrirent des affiches qui appelaient tous les réservistes à rejoindre leurs unités. Roland partit le 3 septembre, en milieu
de journée. Le point de ralliement de sa section se situait de l’autre côté de la ville, près de Darnétal. Au moment des adieux, sur le perron de la grande maison, Pauline chercha en vain à lui cacher ses larmes. Roland, lui, tenta de faire le brave. »

p 150 « Le soir, en arrivant à Rouen, elles n’eurent pas le cœur de s’approcher de la Seine. Elles n’étaient pas prêtes à affronter la vue du désastre dont les avaient averties leurs proches et que
leur avaient confirmé les journaux et la radio. Elles ne furent pas épargnées, pourtant. Même en empruntant l’itinéraire direct vers le centre du Petit-Quevilly, elles n’échappèrent pas au spectacle de désolation qu’offraient, dès Sotteville, des entrepôts incendiés, des maisons effondrées sous les bombes. C’est le cœur serré qu’elles s’engagèrent dans la rue qui menait à la maison du docteur Lévêque, redoutant
de trouver à sa place un monceau de ruines semblable à ceux qu’elles venaient de découvrir en chemin. Mais la grande demeure était bien telle qu’elles l’avaient laissée ; rien ne semblait avoir changé depuis leur départ. »

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p 213 « Il avait exploré les replis de sa mémoire pour en débusquer la poussière de ses souvenirs les plus anciens. »

p 240 « Quand le garde lui apprit, le 30 mai 1944, que Rouen avait connu le matin un violent bombardement de ses ponts qui avait largement débordé de part et d’autre de la Seine,
ses craintes se trouvèrent confirmées. Les jours précédents, d’autres ponts avaient été bombardés par les Anglo-Américains, en amont de la ville. A l’évidence, les Alliés préparaient quelque chose, et Rouen était concernée par ce qui allait
se produire. »

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Dédicace à la librairie Colbert : Georges Meunier de retour aux sources avec « Le Pont transbordeur »

 C’est dans sa ville natale que Georges Meunier vient présenter son nouveau roman, Le Pont transbordeur (éditions Noir Blanc Carp). « Le pont transbordeur de Rouen demeure je crois un symbole important du passé de la ville, confie l’auteur. Il tenait une place particulière dans ce que mes parents pouvaient me rapporter de leur jeunesse. J’en ai fait un acteur d’une histoire qui visite ce que pouvait être la vie, à Rouen et dans ses environs entre les années 1930 et 1950. Ceci, grâce également à de nombreuses archives personnelles ou autres, correspondances de guerre, témoignages d’exode, photos, etc. que je suis seul à posséder. » Sa carrière d’avocat l’a éloigné de Rouen ; Georges Meunier revient aux origines de son histoire, marqué dit-il, par l’amour de cette ville et de la côte du pays de Caux auxquelles il reste fortement attaché. Paris Normandie du 9 mars 2016

Première rencontre avec l’auteur …  au salon du livre de La Saussaye … Mars 2015

Édition : Noir Au blanc

Genre : Roman

Publié en 2015

RENCONTRE avec l’auteur … Quelques questions pour tenter de découvrir qui se cache derrière le livre !!

Quel est votre premier écrit ? votre premier texte ?
Mon premier écrit à vocation littéraire doit dater de l’époque de mes 13-14 ans. Roman ambitieux, mais inachevé. Ma sœur l’avait découvert en fouillant mes affaires et s’était tellement moquée de mes propos à l’eau de rose
que le dépit m’avait fait précipiter les feuillets dans le feu. Je n’ai réitéré que vers 18 ans, pour un récit de voyage paru dans le « Paris-Normandie » de l’époque.

Votre plus beau souvenir de jeune lecteur ?
Difficile de choisir… « Les Histoires comme ça » de Kipling m’ont beaucoup marqué, et aussi les textes sur des aventures lointaines et surhumaines : la mer, avec Joseph Conrad, le Grand Nord américain avec Jack London et James-Oliver Curwood…

Le livre qui vous a « déstabilisé » ? et pourquoi ?
Je ne crois pas qu’un livre m’ait jamais « déstabilisé »; je hais la cruauté, la méchanceté et le mépris, et rejette dès les premières pages les écrits de cette sorte. Si en revanche cette question porte sur les lectures qui ont changé
mon regard, à l’âge de l’adolescence, je citerais « A rebours » de Huyssmans, et « L’amant de Lady Chatterley ». Le premier, pour l’aventure intellectuelle qu’il propose, le second, pour l’Amour, dont il célèbre avec un talent et une
sensibilité inégalés qu’il est corps, esprit et compassion.

Ecrire, vous donne l’illusion de quoi ?
Ecrire, c’est voyager dans un monde qui semble vous appartenir… au début. Mais si la plume est féconde, les destins que l’on a tissés vous échappent souvent. Quel bonheur, alors, de leur donner les rênes de votre esprit, de
vous laisser guider. Oui, souvent je change de place avec mes personnages !

Quel est votre thématique, votre genre littéraire (polar, roman historique, …), ce qui vous inspire et pourquoi ?
Mon genre littéraire ? Hier, voyage, roman, aventure, science-fiction, poésie, essai, traduction de poésie grecque… Demain, des nouvelles (en préparation). Ce qui m’inspire, c’est de penser que je ne sais rien -ou si peu- du monde
qui m’entoure mais que, si je le veux et m’y obstine, tout s’offre à mon imagination.

Question bonus !
Quel est votre relation aux livres ? Pour vous un livre « heureux » est un livre corné, annoté, souligné, déformés, … ou pas ?
Les livres heureux ont-ils une histoire ? Pas forcément. Le bonheur est dans la rencontre, la découverte. Peu importe le visage que vous offre le livre, c’est d’abord sa voix qui résonne en vous. Mais si le livre a appartenu à
un être cher, ces notes et ces marques vous font suivre mieux le chemin qu’il a emprunté avant vous, jusqu’à laisser, parfois, entre les pages, une fleur séchée…

Merci Georges d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions.

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