Les Indociles … Murielle Magellan

Une belle histoire, un joli conte contemporain. Le parcours d’une femme,
un Dom Juan au féminin, une croqueuse, une chasseuse d’homme et … de femmes, une instinctive et surtout une amoureuse et une
passionnée d’art, de peinture … Olympe croque la vie …
Une histoire sur la relation aux autres et avec les autres …
Des personnages, Paul un scientifique, Solal un vieil artiste peintre et Khalia une jeune stagiaire Gitane, atypiques et « indépendants » et presque indifférents au regard des autres …
des vies qui se croisent et se percutent !!
« Elle (Olympe) ne cherche pas le pouvoir. Elle cherche la rencontre. Elle cherche à percuter et être percutée par des vies et
par des œuvres. » Murielle Magelland.

Même si il m’a manqué un peu d’émotion et de pétillant dans l’écriture !! C’est un beau roman à découvrir !!
J’ai vraiment adoré le dénouement … mais chut !!

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p 11 « Ce n’est pas une romance. La main de la femme griffe le dos de l’homme. Elles onglée et crochue. L’autre main enserre la nuque inclinée de celui qui doit chercher le baiser mais rien ne dit s’il l’obtient.
« Ce n’est pas une romance« , pense Olympe. On ne voit rien d’elle que ses mains, et pourtant on a la sensation de son emprise sur lui. Pas de l’amour ; du pouvoir. Olympe scrute. Sonde. Dans sa chambre ronde,
assise en tailleur sur son lit, l’ordinateur entre ses cuisses, Jean-Sébastien Bach dans le casque, elle agrandit l’image. Une main, un dos. C’est le sujet du peintre. A l’arrière-plan, c’est de l’aquarelle noire. Elle aime
cette main de femme. Elle aime ce dos rose d’homme. Musclé mais rose bonbon. Elle voudrait être avec eux. Dans le tableau. Surtout dans ce qu’on ne voit pas du tableau. Dans leur tête. Dans leur cœur.
Dans son sexe à lui, son ventre à elle. Pour savoir ce qui bat, et ce qui ne bat pas. Ce qui vibre et ce qui ne vibre pas. Où en sont-ils ? En sont-ils quelque part ? Se sont-ils
jamais aimés ? Quelle est la comédie ? Oui, ce tableau l’interroge sur cette comédie universelle. La romance. L’obsession de la romance.« 

p 29 « Elle ne croit pas l’homme capable d’amour même si elle le croit capable d’avoir inventé l’amour. Elle peut aimer, oui, profondément, une heure durant, un jour durant, une semaine tout au plus. Elle se sent traversée
par cette vibration prophétique, par cette promesse, mais contrairement aux œuvres, qui la bouleversent durablement, l’amour ne s’enracine pas en elle. Il s’évapore.
Le bonheur ultime doit être de voir cette pure création de l’homme, cette fable, s’incarner une fois dans sa vie. Comme un génie qui sortirait vraiment de sa bouteille. Mais elle ne le souhaite pas pour elle.
La dépendance ne lui convient pas, même si ça l’excite de la sentir chez les autres. »

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p 43 «  »Qu’est-ce-que l’ennui pour vous, Olympe Delbord ? »… »L’ennui est la sensation d’avoir compris même ce qui n’est pas compris.
L’ennui n’est pas l’omniscience. L’ennui est le renoncement distrait à tenter d’appréhender et d’éclairer l’inconnu, comme si on savait par avance que ce qui serait
porté à la lumière ne créerait bientôt plus ni surprise, ni étonnement. » »

p 40 « La chance est une particule invisible, un grain de poussière flottant qu’un vent discret apporte et déporte à sa guise. Quelques fois, on l’attrape sans le savoir.
Quelquefois, on est l’œil ouvert, extralucide, et on la voit, et on tente de la saisir, à la manière de l’enfant qui se hisse pour le pompon du manège, sans certitude d’y parvenir jamais. »

p 80 « La joie est pour elle, avec le désir physique, la plus subversive des sensations humaines. Celle qui échappe à la raison. Elle
surgit parfois même au moment du drame, comme un doigt d’honneur à la bienséance et à la logique. Elle naît d’un éclair de soleil entre deux nuages lourds, d’une chanson de
variété échappée d’un vieux poste, d’un coup de pied donné dans un ballon qu’on renvoie à une volée d’enfants maladroits. Elle pourrait lui dresser un temple.« 

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p 109 « Et soudain, il y a Paul Anger qui tient parole. Paul Anger qui écrit « comme promis ». Elle se voit dans le miroir en pied de
la chambre. Elle se voit s’adosser contre le mur pour prendre appui. Elle voit sa confusion, son corps-garçon musclé qui ne la soutient plus. Olympe, général de guerre, meneuse d’hommes
et de femme, croqueuse de seins et de pénis virils, légère en toutes choses, légère si elle le peut, Olympe défaille ce soir, pâle dans le miroir. Souriante et blême. A cause
d’une promesse tenue. »

p 143 Olympe « Ne décide rien de ma vie, ne décide pas trop de la tienne. Tu ne sais pas ce qu’elle sera. Laisse venir. Aime. Laisse-toi aimer. Étonne-toi. Ne résume jamais
celui ou celle que tu as en face de toi, même s’il se résume lui-même, à une idéologie, à une culture, à un titre. Tu as une identité sexuelle, soit. N’en fais pas une cause, mais une
particularité. Défends-toi si on t’attaque sur cette particularité, descends dans la rue pour obtenir des droits, si tu veux, mais quand tu rentres chez toi, souviens-toi que tu es un « humain »,
une chose qui échappe très souvent à la raison et au bon sens. Celui que tu as devant toi est ton énigme. Surprends-le. Laisse-toi surprendre. Il n’est pas celui qu’il croit, ni celui que tu crois. Il est comme une poupée russe : parent, adulte, enfant, et, au cœur de lui-même siège la plus petite des poupées, celle qu’on ne peut pas démonter, sa « citadelle intérieure » dirait Goethe. »

p 158 « Quelqu’un était là et quelqu’un n’est plus là. Quelquefois cela arrive en douceur. Un lent éloignement et l’être cher, un jour, nous apparaît comme un petit point au lointain d’une route, on
le regrette sans le distinguer clairement. On se résout à cette mort lente du lien. Quelquefois, c’est brutal. Un accident, un arrêt cardiaque peut-être, la bête sauvage qui avale la tête de l’homme.
Celui à qui l’on tenait était là tout à l’heure, il ne l’est plus. Du tout. Couperet irrémédiable. La faucheuse s’est invitée au bal. On
ne peut que hurler son impuissance trop humaine. … « 

Édition : Julliard

Genre : Roman

Publié en 2016

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